« L’émancipation de l’Islam de France. » Voilà le titre du rapport sorti par le think tank Terra Nova. Un document qui revient « sur les modalités d’organisation des lieux de culte en France et plus particulièrement sur les liens entre l’Etat et les lieux de culte musulmans. » Terra Nova veut ici rappeler « la manière dont les pouvoirs publics, d’abord indifférents, tentent depuis la fin des années 1990 d’organiser la représentation de l’Islam sur le territoire français. » Mais, insistent Alain Christnacht et Marc-Olivier Padis, les deux auteurs du document, « ces mêmes pouvoirs publics n’ont pas nécessairement compris la réalité de l’Islam de France, les différentes confessions qui existent, les différentes nationalités qui le composent, en proposant un cadre très centralisé et trop homogène qui ne lui convient plus actuellement. » Du coup, le think tank « plaide dans ce travail pour une organisation moins étatiste et centralisatrice que celle qui existe actuellement. »
« La loi de 1905 est-elle adaptée à l’Islam ? »
Parmi les pistes de recherche de Terra Nova, une question importante : « La loi de 1905 est-elle adaptée à l’Islam ? » La réponse est évidemment oui. Le think tank dénonce le traitement réservé à l’Islam et la façon dont les Français, et même les Européens, se focalisent sur les musulmans : « Des comportements qui passaient jusqu’alors inaperçus ou qui n’avaient jamais été considérés comme incompatibles avec la laïcité ont fait l’objet d’interrogations nouvelles : la construction de la Grande Mosquée de Paris par exemple, inaugurée en 1926 par le Président de la République et le Sultan du Maroc, a été financée sur fonds publics », rappelle Terra Nova pour qui « l’esprit de conciliation de la loi (…) et un examen de bonne foi des difficultés permettent de répondre en pratique à toutes les interrogations soulevées par l’installation de l’Islam en France. » En bref, la laïcité est adaptée à toutes les religions, mais « la prise de conscience d’une présence durable de l’Islam en terre d’Europe » inquiète et amène les Français à tenter de trouver la petite bête aux musulmans.
Un jour férié pour l’Aïd-el-kébir ?
Dans son document, le think tank Terra Nova propose des solutions pour un « traitement à égalité » entre non-musulmans et musulmans. « Le cas des fêtes religieuses montre bien l’ambiguïté de la neutralité française, une neutralité marquée par l’héritage chrétien », résument notamment les auteurs de l’enquête. Terra Nova propose ainsi d’« intégrer au moins deux nouvelles dates importantes dans le compte des jours fériés, le Kippour et l’Aïd-el-kébir, en supprimant les deux lundis fériés qui ne correspondent à aucune solennité particulière. » Mais ce n’est pas tout. Il faut, indique le groupe de réflexion, « réajuster les effectifs des aumôniers musulmans dans les aumôneries pénitentiaires et hospitalières », « promouvoir la création d’une faculté de théologie musulmane à l’université de Strasbourg » ou encore « favoriser le financement du culte et les construction des mosquées par les fidèles eux-même » et « favoriser le soutien aux formation civiles et civiques portant sur la laïcité et les religions ouvertes aux imams, responsables d’associations et donnant lieu à un diplôme reconnu par l’Etat. » Un rapport qui tombe à pic en pleine campagne présidentielle.