Pour son numéro d’octobre 2016, le magazine Playboy met en une Noor Tagouri, une journaliste américaine en hijab. Une première controversée en 63 ans d’existence.
Née en Virgine-Occidentale il y a 22 ans, la journaliste et reporter américaine de Newsy Noor Tagouri va faire la une de Playboy, mensuel phare de la presse masculine américaine, dont le succès a été assuré par les photos de playmates en petite tenue – quand elle existe. « Les hommes et les femmes de ce numéro spécial vont changer votre vision des affaires, de la musique, du porno, de la comédie, du jeu vidéo et autres », annonce le magazine. Le titre justifie le choix de Noor Tagouri en couverture par le fait qu’il s’agit d’une « activiste teigneuse, passionnée par l’exigence de changement et posant les bonnes questions ». La jeune journaliste « nous force à nous interroger : pourquoi avons-nous du mal à accepter qu’une jeune femme se couvre délibérément la tête, elle qui n’acceptera pas un simple non comme réponse », poursuit l’article du magazine.
Cette mise en avant médiatique sert aussi la cause de la principale intéressée. Diplômée à 20 ans, Noor entend atteindre l’objectif ambitieux qu’elle s’est fixé : devenir la première journaliste voilée de référence à la télévision américaine. Et elle semble être en bonne voie. La journaliste d’origine libyenne dispose déjà d’une armada de fans sur YouTube et 150 000 followers la suivent sur Instagram. Elle a même donné sa première conférence TEDx en 2015, qui a traité des questions d’identité et de rébellion.
« Etre soi, c’est être rebelle »
« Etre soi authentiquement, c’est être rebelle », clame la jeune femme d’origine libyenne. Et le fait d’être musulmane a été selon elle un atout pour pratiquer son métier et gagner notamment la confiance des autres musulmans. « Je sais ce que c’est que de voir dévoyé et faussé ce qu’on raconte et ce qu’on montre au sujet des musulmans dans les médias. Je ne le ferai pas. Je veux raconter votre histoire parce que c’est important et parce qu’elle mérite justice« , affirme-t-elle à l’intention de ses coreligionnaires.
Poser en couverture de Playboy n’a cependant pas suscité l’unanimité dans la communauté. The Muslim Vibe, un magazine américain en ligne, rappelle que « Playboy est synonyme de pornographie ». Le blogger Nishaat Ismail s’interroge sur l’association de la journaliste et de son image avec un média « basé sur la chosification des femmes », même si le magazine a largement édulcoré sa ligne et ses contenus ces dernières années. Gageons que la rebelle Noor n’aura cure des critiques, elle qui avait déjà attiré l’attention suite au lancement en 2012 d’une campagne virale intitulée #LetNoorShine. En toute modestie.