Un guide pratique nous offre plein de conseils pour vivre au quotidien la laïcité. Si on peut ne pas être en accord avec tout ce qu’il contient, il est une vraie piste de travail, à étudier.
Voilà une façon de dépassionner le débat sur la laïcité qui arrive à point. Régis Debray et Didier Leschi, dans leur petit ouvrage « la Laïcité au quotidien », ont décidé de parler de laïcité, bien évidemment. Mais pas de longs discours sur ce qu’elle devrait être. Les deux auteurs ont voulu, raconte Libération, se pencher sur le « que faire ? » plutôt que sur le « qu’en penser ? », et c’est là que ça devient intéressant. Certes, l’argumentaire du livre jouer sur les différences de points de vue, même si, dans Le Monde la semaine dernière, le vice-président de la Ligue de l’enseignement, Jean-Michel Lecomte, rappelait qu’il n’existe qu’une seule définition de la laïcité.
« La limite est la même pour tous »
Quoi qu’il en soit, Régis Debray et Didier Leschi trouvent que la laïcité est « dénaturée, surinterprétée ou récupérée. » Ils veulent donc « dédramatiser. » Non, laisser les Français croire ce en quoi ils veulent ne mettra pas en péril les traditions judéo-chrétiennes du pays. Les deux hommes — dont l’un, Didier Leschi, a été chef du bureau central des cultes au ministère de l’Intérieur de 2004 à 2008 — veulent montrer que, en terme de laïcité, « la limite est la même pour tous. » Alors qu’aujourd’hui, on a l’impression d’une laïcité à deux vitesses, selon qu’on soit musulman ou chrétien.
Dans leur ouvrage, les deux auteurs ne se livrent donc pas à un exercice théorique. Ils vont dans le concret. Libération le voit d’ailleurs plutôt comme un « guide pratique », qui passe tous les sujets en revue. En les dédramatisant, donc. Au-delà de l’aspect pratique — les auteurs écrivent par exemple que, « pour une laïcité fraternelle, deux barbecues valent mieux qu’un », pour séparer le porc des autres aliments —, Régis Debray et Didier Leschi lancent surtout un appel à la paix. « Casser a croûte ensemble, au coude à coude, reste le secret de bons moments de fraternité », affirment-ils. Cela peut paraître ridicule, mais voilà qui fait du bien en cette période où les actes antimusulmans ont explosé en France.
« La laïcité n’est pas un sport de combat »
Après, les propositions de nos deux auteurs peuvent ne pas être en accord avec ce que l’on pense. Mais l’air de rien, cela permet de lancer une idée : et si, au lieu de débattre sur la définition théorique de la laïcité, on se fixait simplement des règles précises ? Régis Debray et Didier Leschi lancent des pistes. Selon eux, les crèches de Noël dans les mairies sont discutables, la cloche sonnant toutes les heures ne l’est pas. Les auteurs veulent en réalité que la laïcité ne devienne « pas plus une machine de guerre contre telle ou telle confession qu’un perpétuel accommodement avec les faits accomplis. » Selon eux, « la laïcité n’est pas un sport de combat mais l’apprentissage d’un respect mutuel où l’on peut voir aussi une mesure de sûreté et une règle d’institution. » Voilà qui est dit.