Depuis mercredi, sur les réseaux sociaux, c’est un véritable chemin de croix pour les défenseurs de la laïcité : les ayatollahs de la sauvegarde des « traditions chrétiennes » de la France ont décidé de mener la vie impossible à la loi de 1905 suite à la décision du Conseil d’Etat de demander à la commune de Ploërmel de se séparer de la croix qui surplombe une œuvre d’un artiste polonais, représentant le pape Jean-Paul II. D’ores et déjà, la Première ministre polonaise a indiqué que son gouvernement « tentera de sauver de la censure le monument de (son) compatriote » et proposant « de le transférer en Pologne. » Sur les réseaux sociaux, le hashtag #MontreTaCroix a été lancé. Des personnalités politiques n’ont pas hésité à prendre la défense du monument de Ploërmel, de Valérie Boyer à Christine Boutin, en passant par Louis Aliot. Une union des Républicains et du Front National qui fleure bon le premier tour de l’élection pour la président du parti LR.
Jeu de dupes et théorie du complot
Pour les tenants d’une nouvelle laïcité à deux vitesses, la loi de 1905 est à revoir : selon eux, la décision du Conseil d’Etat mettrait en péril nos églises. Faux, rétorque Nicolas Cadène, porte-parole de l’Observatoire de la laïcité qui rappelle, dans un article écrit pour Chronik, que cette loi « impose la neutralité de l’administration publique et des emplacements publics, aucunement des emplacements privés ou des bâtiments religieux comme les églises. » Contrairement à ce qu’écrit Roger Karoutchi, sénateur des Hauts-de-Seine, il n’est donc aucunement question d’« enlever les symboles religieux de l’espace public, nos rues, nos cimetières. »
Séparer un Pape de sa croix?Enlever les symboles religieux de l’espace public,nos rues,nos cimetières?Une société sans âme et sans Histoire?
— Roger KAROUTCHI (@RKaroutchi) 29 octobre 2017
« Qu’aurait-on entendu s’il s’agissait d’un croissant, surplombant une personnalité de la religion musulmane ? »
Cet épisode est en tout cas l’occasion pour certains d’en remettre une couche sur l’Islam. Valérie Boyer, soutien de François Fillon lors de la dernière présidentielle, qui s’était distinguée avec son combat pour remettre des croix sur les pots de yaourts, estime d’ailleurs que « la menace de la laïcité ce ne sont pas les croix et les crèches. » Comprenez l’Islam. Mais « la laïcité n’est pas à géométrie variable », rappelle Nicolas Cadène qui demande : « Qu’aurait-on entendu s’il ne s’agissait, non d’une croix, mais d’un croissant, symbole de l’islam, surplombant une personnalité de la religion musulmane ? »
.@valerieboyer13 « La menace de la laïcité ce ne sont pas les croix et les crèches » #LeGrandJury #MontreTaCroix
— Valérie Boyer (@valerieboyer13) 29 octobre 2017
La décision du Conseil d’Etat a donc fait naître un énième débat sur l’identité de la France et sur ses racines chrétiennes. Mais le Conseil n’a fait là qu’appliquer la loi de 1905. Et que tous les défenseurs des racines judéo-chrétiennes de la France se rassurent : les croix ne disparaîtront pas des églises.