La présidente du Front National a appelé ce matin RMC pour expliquer, sans sourciller, qu’il fallait interdire le voile et la kippa dans l’espace public et dans les entreprises.
« Il est temps d’élargir la loi de 2004. » Voilà comment Marine Le Pen a décidé de s’inviter, ce lundi matin, sur l’antenne de RMC. La présidente du Front National a tenu à rappeler son attachement à la laïcité. Une laïcité à deux vitesses cependant. « Il ne s’agit pas pour moi d’interdire les signes religieux mais les signes ostentatoires, précise la fille de Jean-Marie Le Pen. Il s’agit d’élargir la loi qui a été votée et qui est appliquée dans les écoles notamment. Confronter à une montée en puissance et à une forte pression de l’Islam politique qui se sert des femmes et du voile pour avancer leurs propositions. » Pour Marine Le Pen, cet élargissement de la loi permettrait « d’interdire au nom de la laïcité tous les signes ostentatoires dans l’espace public, ce qui permettra également de les interdire dans les entreprises. »
« La religion catholique n’a pas de signe ostentatoire »
Mais lorsqu’elle précise sa pensée, la présidente du FN va plus loin encore. L’interdiction des signes ostentatoires qu’elle propose ne concerne que le voile et la kippa. La religion catholique ferait-elle exception dans sa conception de la laïcité ? Marine Le Pen a une réponse précise à cette question : « Les grandes croix, ça n’existe pas. Je vais vous expliquer quelque chose : la religion catholique n’a pas de signe ostentatoire et pour une raison simple, c’est peut-être parce c’est elle qui a inventé en réalité la laïcité », dit-il sans rire. Lançant ensuite une formule dont elle a le secret : « Il faut rendre à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César. » Selon la patronne du parti d’extrême droite, les soutanes et les voiles des religieuses catholiques ne seraient donc pas des signes ostentatoires, contrairement au voile islamique et à la kippa.
François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France, qui était l’invité de Jean-Jacques Bourdin, a tout de suite réagi aux propos de la frontiste. « Ce n’est pas sérieux, s’est-il exclamé. L’espace public est précisément l’endroit où peut s’exprimer la liberté de conscience, la liberté de sa religion, d’être religieux ou pas. » François Clavairoly explique qu’« il faut cesser d’humilier l’Islam » et affirme ne pas comprendre « cette obsession chez Marine Le Pen. » « Nous sommes dans un pays de liberté. La plupart des pays d’Europe vivent une laïcité apaisée il ne faut pas mettre de l’huile sur le feu », insiste le président de la Fédération protestante de France. En 2012, dans Le Monde Marine Le Pen affirmait préférer « une dictature laïque plutôt qu’un régime islamiste », rappelle Le Lab d’Europe 1.