Laurence Rossignol, la ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, va devoir répondre de ses paroles sur les femmes voilées et sur les « nègres » devant la justice. Plusieurs associations ont décidé de porter plainte.
Après avoir affirmé que les marques s’étant lancées dans la promotion de la mode « pudique » faisaient « la promotion de cet enfermement du corps des femmes » et avoir rétorqué que, s’il y a « des femmes qui choisissent, il y avait aussi des nègres américains qui étaient pour l’esclavage », Laurence Rossignol va devoir répondre de ses paroles — prononcées le 30 mars dernier — devant la justice, à en croire BuzzFeed. Selon le site, l’association antiraciste Les Indivisibles a décidé de saisir la Cour de justice de la République pour « injure publique à caractère racial et religieux. »
Le CCIF va également porter plainte
Que risque Laurence Rossignol ? En théorie, si elle est jugée coupable, la ministre des Droits des femmes risque jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende. L’association dénonce aussi bien l’utilisation du mot « nègre » par Laurence Rossignol que sa comparaison des femmes qui portent le voile islamique à des « personnes aliénées » ou à des « militantes salafistes. » L’avocat des Indivisibles, Hosni Maati, indique que les propos de la ministre « incitent, sous couvert de respect des valeurs républicaines, à la haine contre les femmes musulmanes portant le voile. »
Les Indivisibles ne sont pas les seules à avoir tenté des recours contre Laurence Rossignol, indique BuzzFeed. Ainsi, le CCIF de Marwan Muhammad avait lancé un appel sur les réseaux sociaux pour recueillir les plaintes et les mutualiser de façon à engager une procédure collective à l’encontre de la ministre. Le Comité contre l’islamophobie en France va ainsi lui aussi déposer plainte pour « injure publique à caractère racial. » Il aurait, d’ores et déjà, réuni plus de 400 plaignants et va saisir la Cour de justice de la République ou le tribunal correctionnel.
Le Cran dénonce la non-réaction de Jean-Jacques Bourdin
De son côté, le Conseil représentatif des associations noires (Cran) a saisi le procureur de la République. Il dénonce une « atteinte à la mémoire et à la dignité des personnes d’ascendance africaine. » Louis-Georges Tin, le président du Cran, indique à BuzzFeed avoir « également saisi le CSA car Jean-Jacques Bourdin n’a pas réagi aux propos de Laurence Rossignol. Or, les chaînes d’info ont le devoir de ‘maîtriser l’antenne’. » Laurence Rossignol « s’est comportée comme les antisémites qui passent leur temps à affirmer que certains juifs ont collaboré avec les nazis et qui vise à rendre les victimes d’un crime contre l’humanité responsables de leur propre malheur », estime-t-il. François Hollande avait promis qu’il n’aurait « pas autour de (lui) à l’Elysée des personnes jugées et condamnées. » Si Laurence Rossignol est jugée coupable, il est donc évident qu’elle devra quitter ses fonctions.