vendredi 31 janvier 2025
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Le gouvernement yéménite dénonce une « agression » des Emirats

En à peine 24 heures, la cité portuaire d’Aden, supposée symboliser la résistance aux insurgés Houthis, a encore changé de main dans un combat fratricide opposant séparatistes sudistes au gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi reconnu par la communauté internationale.

Les séparatistes ont dit l’avoir reprise jeudi aux forces loyalistes qui la contrôlaient la veille. La ville avait été conquise une première fois le 10 août par les séparatistes, à l’issue de combats meurtriers.

La guerre ouverte entre gouvernement et séparatistes et les accusations concernant le rôle d’Abou Dhabi ébranlent davantage la cohésion de la coalition militaire au Yémen dont les deux piliers, l’Arabie saoudite et les Emirats, se retrouvent aux antipodes.

En effet, l’Arabie saoudite, voisine du Yémen, soutient le gouvernement Hadi tandis que les Emirats appuient les forces séparatistes réunies au sein du Conseil de transition du sud (STC) qui réclame l’indépendance du Sud.

Saoudiens et Emiratis se sont unis pour intervenir en 2015 au Yémen et empêcher les rebelles Houthis venus du Nord et soutenus par l’Iran, rival régional de Ryad, de prendre le contrôle de l’ensemble du Yémen.

Selon le porte-parole du STC, Haitham Nezar, les séparatistes « contrôlent complètement la ville d’Aden et ses entrées ».

Les forces gouvernementales « se sont retirées » vers la province voisine d’Abyane, a confirmé une source de sécurité du gouvernement.

« Agression » des Emirats

Le gouvernement du président Hadi s’est empressé d’accuser les Emirats d’avoir apporté un soutien décisif aux séparatistes pour reprendre Aden, en bombardant les forces loyalistes.

« Le gouvernement condamne les bombardements aériens des Emirats contre ses troupes à Aden et à Zinjibar », chef-lieu de la province d’Abyane, a déclaré sur Twitter Mohammed al-Hadhrami, vice-ministre des Affaires étrangères.

Ces bombardements ont fait des morts et des blessés parmi les civils et les forces loyalistes, a-t-il ajouté sans fournir de bilan précis et en rejetant sur les Emirats « la responsabilité de cette agression violant la loi internationale ».

M. Hadhrami n’a pas précisé la date des bombardements mais des habitants d’Aden ont indiqué à l’AFP avoir entendu des bruits de raids aériens mercredi lorsque les forces du gouvernement entraient dans la ville.

Le responsable yéménite a appelé l’Arabie saoudite, qui conduit la coalition soutenant son gouvernement, à soutenir « la légalité yéménite et à mettre fin à cette escalade illégale et injustifiée ».

Aden est devenue la « capitale provisoire » du gouvernement Hadi après que les rebelles Houthis ont pris le contrôle de la capitale Sanaa située dans le nord du Yémen, pays pauvre de la péninsule arabique.

Séparatistes susdites et forces gouvernementales avaient auparavant combattu ensemble les Houthis mais leurs relations se sont tendues depuis 2017. Les combats les opposant dans le Sud depuis début août constituent un nouveau front dans la guerre qui déchire le Yémen.

Appel au dialogue

Les séparatistes ont fait venir des renforts en provenance d’autres provinces et semblent déterminés à reprendre le contrôle des secteurs aux mains du gouvernement dans le sud du pays.

Cette partie du Yémen dont ils revendiquent l’indépendance était un Etat indépendant jusqu’à la réunification du Sud et Nord du Yémen en 1990.

Selon Haitham Nezar, les séparatistes envisagent une offensive sur les provinces d’Abyane et Chabwa, aux mains du pouvoir.

Lors d’une rencontre avec le prince Khaled ben Salmane, vice-ministre saoudien de la Défense et frère du prince héritier Mohammed ben Salmane, le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a appelé à un règlement négocié du conflit avec les séparatistes.

Pour les deux hommes, « le dialogue représente la seule façon de parvenir à un Yémen stable, unifié et prospère », selon le département d’Etat.

La rencontre a eu lieu après que le Wall Street Journal a indiqué que l’administration de Donald Trump s’apprêtait à entamer des pourparlers directs avec les Houthis pour tenter de mettre fin à la guerre déclenchée après une offensive des rebelles Houthis qui se sont emparés de larges pans du territoire dont Sanaa.

Depuis 2014, le conflit a fait des dizaines de milliers de morts dont de nombreux civils d’après des ONG, et plongé le pays dans la pire crise humanitaire au monde selon l’ONU.

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