« Penser l’Islam », le dernier livre de Michel Onfray sorti en Italie le mois dernier, débarque en France ce mercredi. On espère que son ouvrage sera plus intéressant que sa campagne de promotion…
Le Michel Onfray nouveau est arrivé… et il ne semble pas très savoureux. Alors qu’on s’attendait à une promo choc, à une certaine victimisation de la part du philosophe — qui avait déclaré qu’« aucun débat serein (à propos de l’Islam) n’est possible en France dans le contexte actuel » et retardé la sortie de son livre « Penser l’Islam » —, le Michel Onfray qui nous revient d’Italie — c’est là-bas qu’il a sorti son livre le mois dernier — est doux comme un agneau. En préambule, Onfray explique qu’il a finalement publié son livre en français par peur que certains textes soient « mal traduits et vite interprétés par tel ou tel journaliste de la presse française. »
Michel Onfray découvre la diversité du Coran
C’est tout d’abord des remerciements qu’il faut donc adresser à Michel Onfray, qui va nous éviter une laborieuse traduction de son ouvrage. Mais, à lire le menu, force est de constater qu’il n’est pas très appétissant, ce « Penser l’Islam ». Il s’agit en réalité d’un recueil d’articles du philosophe — dont certains déjà publiés — et d’une interview avec une journaliste algérienne, Asma Kouar. Le pitch du livre ? Un poncif. « Je lis le Coran, j’examine les ‘hadîths’ et croise le tout avec des biographies du Prophète pour montrer qu’il existe dans ce corpus matière au pire et au meilleur : le pire, ce que des minorités agissantes activent par la violence; le meilleur, ce que des majorités silencieuses pratiquent de manière privée », explique Michel Onfray.
En résumé, le philosophe veut nous dire qu’il y a d’un côté des extrémistes qui interprètent, à leur façon, les textes, quand la majorité des musulmans vit sa religion de façon paisible. Il n’avait pas besoin de faire ce sketch sur son autocensure si c’était pour dire de telles banalités. Car Onfray vient de se rendre compte que plusieurs sourates « invitent à l’amour, à la miséricorde, au refus de la contrainte », quand d’autres « invitent à la guerre, au massacre des infidèles, l’égorgement. » S’il avait écrit « Parler de christianisme », Michel Onfray aurait pu affirmer les mêmes choses.
« Est-ce islamophobe que préférer la paix à la guerre ? »
« Il existe de véritables militants de la haine contre l’islam quelles qu’en soient ses formes, mais il existe aussi des gens qui préféreraient un islam qui prélève les sourates pacifiques à celui qui met en avant les sourates guerrières », dit ensuite le philosophe, qui décide ensuite d’atteindre le point Badinter — version laïque du point Godwin — en demandant : « Est-ce islamophobe que préférer la paix à la guerre ? » « Je ne crois pas », ose-t-il répondre. On a connu Michel Onfray plus piquant. Mais on lira son livre avec bienveillance, notamment pour contredire le philosophe qui affirme — espère ? — : « Je ne me fais pas d’illusions sur les réceptions malveillantes » que suscitera cet essai.