Législatives 2017 : Manuel Valls a-t-il fait un 49-3 électoral ?

S’il était une circonscription plus scrutée que les autres hier soir, c’était bien la 1ère de l’Essonne où l’ancien Premier ministre, Manuel Valls, était en ballotage avec Farida Amrani de la France insoumise. Et, contrairement à de nombreuses circonscriptions où les résultats sont tombés dès 20 heures, il a fallu attendre le milieu de la soirée pour connaître l’issue du scrutin à Evry. Il faudra même peut-être attendre quelques jours avant d’avoir le fin mot de l’histoire. Car la France insoumise accuse Manuel Valls, qui s’est proclamé vainqueur en fin de soirée, d’avoir « triché ». Sophia Chikirou, directrice de la communication de la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon, a estimé dès l’annonce de la victoire de Valls que « cet homme est un tricheur », parlant ainsi de « coup de force » de la part de l’ancien Premier ministre. De son côté, la candidate de la France insoumise dans la 1ère circonscription de l’Essonne, Farida Amrani, a écrit sur Twitter : « Nous avons plusieurs soupçons sur le comptage des voix à Evry, nous revendiquons la victoire. » Manuel Valls, lui, assure qu’« il n’y a eu aucune irrégularité » et demande à ses adversaires d’« accepter le verdict des urnes et respecter la démocratie ».

Bulletins déchirés et journalistes interdits d’entrer dans le bureau de vote

Que s’est-il réellement passé ? Au cours de la soirée, les observateurs présents à Evry annonçaient, dans la mairie de Manuel Valls, une courte victoire de la candidate de Jean-Luc Mélenchon, tout comme dans plusieurs bureaux de vote de la circonscription. La victoire semblait serrée, mais acquise à la France insoumise.

Mais quelques minutes plus tard, après recomptage des voix dans la mairie d’Evry, Manuel Valls sort et annonce avoir recueilli 50,3 % des voix dans sa circonscription. Soit 139 voix d’avance, précise l’ancien Premier ministre non sans une certaine fierté. Farida Amrani et ses soutiens décident alors de se rendre en mairie d’Evry pour recompter les bulletins. Mais la candidate de France insoumise assure qu’à son arrivée, on lui aurait répondu que « les bulletins ont été déchirés » alors que, ajoute-t-elle, elle n’aurait pas signé le PV après le dépouillement. Des journalistes sont alors refoulés du bureau de vote et quelques scènes de violence débutent. La concurrente de Manuel Valls précise aujourd’hui qu’elle n’avait pas d’assesseurs dans quatre bureaux de vote et que des citoyens l’ont appelée « pour dire que des choses se sont passées dans des bureaux de vote. » La France insoumise conteste aujourd’hui l’élection de Manuel Valls. Ce devrait maintenant être au Conseil constitutionnel de trancher. Ce dernier devra déterminer si oui ou non il y a eu des irrégularités dans les bureaux de vote de cette circonscription. Le recomptage des voix, lui, est impossible. « Le recours contre une élection ne peut entraîner que son annulation et un nouveau scrutin, en aucun cas en changer le résultat », indique ainsi sur Twitter Me Eolas. Manuel Valls, de son côté, menace d’attaquer ceux qui s’opposeront à son élection.