Une mission d’information du Sénat se met en place pour enquêter sur « l’organisation, la place et le financement de l’Islam en France et de ses lieux de culte. » Sera-t-elle efficace ?
Ils sont vingt-quatre. Vingt-quatre de bords politiques différents. La mission d’information du Sénat chargée de travailler sur la question de l’Islam en France se structure. Le 9 décembre, le conseil d’administration du Sénat autorisait la création de cette mission d’information, dont l’objectif est de travailler sur « l’organisation, la place et le financement de l’Islam en France et de ses lieux de culte. » « La situation de ces derniers mois, de ces dernières années, en France et dans le monde, place la communauté musulmane et l’Islam au cœur de nombreux débats », indiquait il y a peu Nathalie Goulet, qui a pris part à cette mission d’information.
L’Etat a brouillé les cartes depuis 1994
La sénatrice UDI-UC de l’Orne est à l’initiative de cette démarche, avec André Reichardt, sénateur Les Républicains du Bas-Rhin. Nathalie Goulet en sera le rapporteur et la socialiste Corinne Féret, la présidente. C’est ce 13 janvier que la mission d’information a organisé son bureau. Son objectif ? Pour Nathalie Goulet, il est clair : l’organisation, la place et le financement de l’Islam en France « sont des sujets qui reviennent quotidiennement. » L’idée est donc, selon elle, « d’avoir un contact direct avec la communauté musulmane de France, de voir comment elle fonctionne, d’apprendre, de mieux la connaitre, pour que les choses soient transparentes et que l’on assure la protection des 99 % des Français musulmans qui ont toute leur place dans la République et qui aujourd’hui sont dans une situation difficile. »
Le chemin est long et sinueux : cela fait maintenant plus de vingt ans que les relations entre l’Etat et les mosquées sont ambigües. En 1994, c’est Charles Pasqua, alors ministre de l’intérieur et des Cultes, qui avait autorisé la Grande Mosquée de Paris à labelliser le halal. Avant de faire de même pour Evry-Courcouronnes et Lyon, sans que l’on ne sache jamais pourquoi avait été fait ce choix. Depuis, les autorités ont laissé se développer de nombreux certificateurs halal, tout en lançant de vastes débats contradictoires sur le sujet. Aujourd’hui, le financement des mosquées, le halal ou la formation des imams posent de nombreuses questions. On laisse des pays étrangers financer des mosquées, pour ensuite s’étonner – dans un rapport du sénateur UDI Hervé Maurey sorti en mars – qu’il existe « un gros problème de transparence sur l’origine des fonds privés qui financent les mosquées. » Les sénateurs sauront-ils trouver les solutions pour que, enfin, la polémique cesse ?
La mission d’information du Sénat sur « l’islam en France » se structure