dimanche 24 novembre 2024
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L’Etat ne veut pas laisser le sujet de l’islamophobie aux associations

Face à la montée des actes et discours islamophobes en France, une nouvelle association émerge pour lutter contre la haine envers les musulmans. Baptisée l’Association de Défense contre les Discriminations et les Actes Antimusulmans (ADDAM), cette structure vise à répondre aux préoccupations croissantes des musulmans face à leur stigmatisation grandissante. Prévue pour être officiellement reconnue dans le prochain Journal Officiel, ADDAM a déposé ses statuts début février à la préfecture de Paris.

Les chiffres du ministère de l’Intérieur montrent une augmentation de près de 30 % des actes antimusulmans en 2023 par rapport à l’année précédente. Pour le seul mois de décembre 2023, les atteintes envers les biens et les personnes ont augmenté de près de 50 % par rapport à l’année précédente. Cependant, les observateurs estiment que ces chiffres sont largement sous-évalués. Dans ce contexte, l’émergence d’une telle instance est jugée impérative pour permettre aux citoyens musulmans de faire valoir leurs droits et leur statut de victime.

L’initiative d’ADDAM découle de deux ans de réflexion au sein du Forum de l’islam de France (Forif), créé en 2022 avec le soutien du Bureau Central des Cultes (BCC) du ministère de l’Intérieur. Les discussions au sein du groupe de travail sur la lutte contre les actes antimusulmans et la sécurité des lieux de culte ont conduit à la création de cette association, qui se veut indépendante des organisations politiques nationales, étrangères et confessionnelles.

Bassirou Camara, secrétaire général de la Fédération des musulmans du Tarn, a été choisi comme président d’ADDAM. L’association a pour mission principale de prévenir, dénoncer et lutter contre toutes les formes de discrimination et d’actes antimusulmans, ainsi que d’assurer une mission d’accompagnement, d’assistance et de défense des victimes. Elle souhaite également centraliser les données et statistiques sur les actes antimusulmans, tout en exerçant une fonction de veille et d’observatoire national.

En assumant une fonction de défense des victimes, ADDAM prévoit d’intervenir et d’ester en justice pour se constituer partie civile au nom des victimes. L’association compte sur une diversité de profils et d’expertises, avec des membres de la société civile, des juristes et des acteurs de terrain, tous engagés dans la lutte contre les discriminations.

Le lancement d’ADDAM intervient dans un contexte marqué par un vide dans la prise en charge des actes antimusulmans en France, exacerbé par la disparition du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) en 2020. L’association espère compter sur le soutien moral et financier des personnes sensibles aux questions de racisme et de discriminations, afin de construire un avenir où chaque individu est respecté, indépendamment de sa religion ou de ses origines.

Un discours qui, en théorie, tient la route. Mais le Forif reste une émanation de l’Etat, qui souhaite gérer de A à Z le culte musulman en France.

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