Il s’appelle Le Foyer juif. Ce parti israélien d’extrême droite, ultra-orthodoxe, vient de proposer de régularisation des expropriations effectuées par les Israéliens. Autrement dit, si cette loi était votée, elle permettrait, comme l’indique Libé dans un récit effarant, de « blanchir » la spoliation des terres privées palestiniennes par les colons. Rien que ça. L’examen de ce texte a débuté hier au parlement. Certes, cette formation politique ne dispose que de huit sièges sur les cent-vingt que compte la Knesset, ce qui en fait le sixième parti seulement du pays. Mais la vote favorable à cette loi n’est pour autant pas à exclure, la majorité des membres du Likoud, la formation du Premier ministre, y étant favorable. Le texte a d’ailleurs été adopté en première lecture.
L’extrême droite veut annexer une partie de la Cisjordanie
Qu’impliquerait un tel texte ? Tout d’abord, la justice israélienne, à laquelle les Palestiniens spoliés de leurs terres avaient parfois recours, ne sera plus apte à prendre les plaintes. Certes, les Palestiniens expropriés ne le seront pas sans être indemnisés. Ils toucheront une somme qui pourra aller au-delà de la valeur réelle de leur bien. Problème : ils n’auront pas la possibilité de refuser l’expropriation. « Cette loi de régularisation change le visage de la colonisation tel que nous le connaissions depuis cinquante ans, explique le député du Foyer juif Bezalel Smotrich à Libé. Ce texte est important parce qu’il supprime des obstacles au retour du peuple juif sur la terre que Dieu lui a donnée. »
Prochaine étape et objectif annoncer : l’annexion d’une partie de la Cisjordanie. « C’est notre prochaine étape », ajoute Bezalel Smotrich. Mais rien n’est encore fait. Même le Premier ministre Netanyahu n’est pas convaincu par ce projet de loi. Il faut dire que le conseiller juridique de la Knesset l’a prévenu de l’irrégularité d’une telle loi. Même si cette dernière finissait par passer, elle pourrait donc être retoquée par la Cour suprême, assure le quotidien français. Et quand bien même, cette loi serait un message négatif envoyé à la communauté internationale. Si l’extrême droite dénonce une « fausse affaire montée artificiellement en épingle par des ONG gauchistes afin de nous discréditer », les dirigeants palestiniens pourraient porter l’affaire devant la Cour pénale internationale. Et ça, Netanyahu ne veut pas en entendre parler.