Gérald Darmanin et Benoît Hamon, respectivement élus LR et PS, parlent de la loi de 1905. Le premier estime qu’il faut conserver son équilibre, le second veut la renforcer.
La couverture du Libé de ce lundi 11 juillet était consacrée aux deux sujets qui ont le plus préoccupé les politiques ces derniers temps : l’Euro de football et… l’Islam. Le quotidien a réalisé une interview fleuve de deux opposants politiques, Gérald Darmanin et Benoît Hamon. Le premier est le maire Les Républicains de Tourcoing et vice-président de la région Hauts-de-France. Il a envoyé un « Plaidoyer pour un Islam français » aux différents candidats de son parti pour proposer que les collectivités locales puissent devenir propriétaires des mosquées – allant au-delà d’une proposition similaire d’Alain Minc – et que les financements de pays étrangers soient interdits. Benoît Hamon, lui, est député socialiste des Yvelines. Les deux politiques ont donné leur avis sur l’Islam en France.
Deux camps, deux visions de l’Islam en France
Et pour Gérald Darmanin, il existe aujourd’hui un « risque de guerre civile ». L’élu du Nord estime que le repli sur soi est en marche dans l’Hexagone car beaucoup de Français « semblent redécouvrir leurs ‘racines’, voire leur couleur de peau ». Pour Benoît Hamon, l’Etat a failli dans sa mission. « La République est défaillante sur sa promesse centrale : l’égalité », explique-t-il. Le socialiste regrette que « la question identitaire [soit] venue supplanter la question sociale » et estime que le débat sur l’identité nationale « est dangereux dans une société en perte de repère ». Pour Gérald Darmanin, la gauche « a joué avec les communautés », tandis que Benoît Hamon dénonce « ce paternalisme politique qui infantilise l’électorat issu de l’immigration ».
Alors qu’à droite, on a tendance à montrer une défiance totale vis-à-vis de l’Islam, le Républicain du Nord assure ne pas être « un laïcard qui nie la religion ». Il propose d’enrichir la loi sur la séparation du pouvoir et de la religion « comme si l’islam avait existé en France en 1905 ». Et d’enchérir : « Il faut que l’Etat impose, par la contrainte, une organisation du culte compatible avec la République ». Du côté de Benoît Hamon, il n’est pas question que la France choisisse « dans l’Islam les sourates qui nous conviennent ou pas. » Selon lui, « il n’y aura pas d’organisation de l’Islam en France sans un dialogue avec les Etats qui restent les pays berceaux de cette religion ».