A quelques heures du réveillon de Noël, une belle histoire nous vient d’outre-Manche, du sud-est de Londres exactement. Une grande affiche sur fond rouge est apposée sur la devanture d’un restaurant halal, le Shish. Un message écrit en grosses lettres interpelle les passants : « Personne ne dîne seul le jour de Noël ! ». Le texte se poursuit ainsi : « Nous sommes ici pour vous tenir compagnie : un repas avec entrée/plat/dessert est offert entre midi et 18h. Toute personne sans domicile fixe ou âgée est bienvenue. » Un message qui se termine par une mention en majuscules « GRATUIT ».
La première fois que cette affiche a été élaborée, le texte était écrit à la main sur une grande feuille blanche de type flipchart. L’offre généreuse du Shish, restaurant de spécialités turques, et de son responsable, Irsan Can Genc, a été abondamment relayée et saluée sur les réseaux sociaux. Si elle est plutôt habituelle en cette période de l’année propice aux élans de solidarité, l’initiative se démarque cette fois-ci par le fait que l’établissement est géré par des Musulmans. D’autant plus louable que ces derniers jours et mois ont été marqués par une hausse inégalée d’actes islamophobes, parallèlement à la multiplication des attaques terroristes d’inspiration djihadiste. Le Royaume-Uni, comme le reste de l’Europe et du monde, n’a pas été davantage épargné.
Vivre en communauté
Et aux esprits grincheux qui y voient plutôt une opération marketing, le responsable du restaurant rétorque que son geste est motivé par le sens de la communauté, pas par le désir de se faire connaître. « Bien sûr, nous ne vivons pas dans un monde merveilleux en ce moment. Mais il est temps pour nous de nous rassembler et de nous soutenir les uns les autres. Noël est un jour extraordinaire et chacun doit avoir la chance de vivre un jour extraordinaire », a répondu Irsan Can Genc sur Facebook. L’idée d’offrir un repas gratuit à Noël lui est venue d’une vieille dame, qui est entrée dans son restaurant début novembre pour demander si quelqu’un pouvait simplement l’aider à fermer une fenêtre de son appartement. Ce dont l’un des employés s’est immédiatement acquitté. Alors qu’elle le remerciait pour son coup de main, elle lui a avoué qu’elle serait seule à Noël. L’idée a alors éclos.
Depuis, une cinquantaine de personnes se sont portées volontaires pour le jour J, les uns pour aider en cuisine, les autres pour le nettoyage, d’autres encore pour (r)accompagner les clients en ce jour particulier. Deux autres personnes ont mis à disposition du restaurant leurs compétences en infographie pour remplacer la feuille manuscrite d’origine par une affiche aux couleurs typiques de Noël. « Ce n’est pas une affaire de religion, de langue ou de culture », a conclu Genc au micro de la chaîne de télévision américaine CNN, venue l’interviewer. « Il s’agit de vivre en communauté ». Au singulier.