Devant 400 personnes réunies hier soir au Collège des Bernardins à Paris, Emmanuel Macron a déclaré vouloir « réparer » le lien « abîmé » entre l’Eglise et l’Etat.
« Pour des raisons à la fois biographiques, personnelles et intellectuelles, je me fais une plus haute idée des catholiques. Et il ne me semble ni sain ni bon que le politique se soit ingénié avec autant de détermination soit à les instrumentaliser soit à les ignorer », a également ajouté le président, qui a invité les catholiques à « s’engager politiquement ».
Des propos qui ont tout de suite fait réagir à gauche. « Macron en plein délire métaphysique. Insupportable. On attend un président, on entend un sous-curé », a critiqué Jean-Luc Mélenchon sur Twitter, estimant que la relation entre l’Eglise et l’Etat évoquée par le président, n’avait « pas lieu d’être ».
Alexis Corbière, député de la France insoumise a jugé que ces propos étaient « indignes » et « irresponsables », soufflant sur « les braises de tous les communautarismes religieux ». « Et la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat ? », a t-il rappelé sur Twitter.
Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure a lui aussi rejeté a teneur de ce discours.
« Mais de quoi nous parle-t-on ? L’Eglise catholique n’a jamais été bannie du débat public. Quel lien restaurer avec l’Etat ? En République laïque aucune foi ne saurait s’imposer à la loi. Toute la loi de 1905. Rien que la loi ».
« Quand le lien entre l’Eglise et l’Etat a-t-il été abîmé ? Est-ce lors du mariage pour tous ? S’il doit être réparé ? Est-ce lors de la révision des lois de bioéthique ? sur la PMA ? », a renchéri Benoît Hamon.
Beaucoup reprochent donc au chef de l’Etat d’être allé trop loin, d’avoir fait « un affront » à la laïcité. Cependant, Nicolas Cadène, rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité, interrogé sur France Info, a estimé qu’Emmanuel Macron doit incarner « l’impartialité et la neutralité de l’Etat vis-à-vis des différents cultes » et que celui-ci n’a pas dérogé à cette règle d’impartialité.
« Il peut y avoir des débats politiques sur le dialogue souhaité par le président avec les religions. Ils sont légitimes. Mais d’un point de vue juridique, il a tout à fait le droit de prôner ce dialogue. Cela ne constitue pas une entorse à la loi de 1905 ».