L’augmentation des frais d’inscription pour les étudiants étrangers en France a été annoncée en novembre 2018 par le Premier ministre.
Les étudiants étrangers extra européens devront payer en licence 2 770 euros sur chacune des 3 années au lieu de 170 euros actuellement. Pour les niveaux Master et Doctorat, les frais des élèves passeront de 243 euros à 3 770 euros par an.
Une hausse conséquente qui freine les projets de nombreux étudiants marocains, algériens, et tunisiens.
« On peut accepter une augmentation des frais, mais pas dans ces proportions. On est passé de rien à 2.800 euros par an, c’est trop! », fait remarquer Omar, 21 ans, à l’AFP, dans une annexe de Campus France à Rabat.
Ce dernier, est un organisme public chargé de promouvoir à l’étranger le système d’enseignement supérieur français.
Et selon les derniers chiffres de Campus France pour 2017, le Maroc arrivait en tête des pays d’origine des étudiants étrangers hors-UE en France, avec 38.000 ressortissants. Depuis l’annonce de la hausse des frais, une baisse de 15,5% a été enregistrée chez ces étudiants venus du royaume.
« La France est devenue une destination pour les étudiants riches. Si tu es pauvre ou issu de la classe moyenne, tu restes chez toi », accuse Salah, 22 ans, étudiant en gestion des entreprises dans une école privée à Rabat.
Il dit avoir, en conséquence, renoncé à son projet de master en France: « vu la hausse, je préfère aller là où les études sont gratuites ».
Près d’un quart des plus de 300.000 étudiants étrangers en France sont originaires d’Afrique du Nord, et la hausse des frais de scolarité passe également mal en Algérie et en Tunisie, où des baisses respectives de 22,95% et 16,18% ont été enregistrées, selon des chiffres divulgués début février à Paris par Campus France.
Hichem, inscrit en 2e année de biologie à l’université de Bejaia, à l’est d’Alger, affirme avoir dû abandonner son projet d’études en France.
« J’étais à un stade très avancé (…) quand j’ai appris la nouvelle de l’augmentation des frais, j’ai tout annulé. C’est trop cher. C’est impossible pour moi. C’est une forme d’exclusion envers les étudiants étrangers », dit-il.
La Tunisie, elle, s’estime triplement frappée: outre le décuplement des frais de scolarité, la dépréciation du dinar entraînait déjà un renchérissement important des études à l’étranger. Et les perturbations sociales qui ont touché les lycées fragilisent les dossiers de certains candidats, qui n’ont aucun bulletin pour le premier trimestre.
Représentant de Campus France à Tunis, Hosni Dakhlaoui confirme une baisse sensible par rapport « à la même période l’an passé ».
Rania, 20 ans, prépare son bac de lettres dans un lycée public. « J’ai toujours voulu étudier en France, c’est un rêve d’enfance, déclare-t-elle à l’AFP. Mais un rêve devenu impossible. Entre l’augmentation des frais et le dinar qui perd sa valeur, cela devient bien trop cher pour des gens comme moi. »