L’ancien président de SOS Racisme a reçu le prix de la Laïcité 2016. Son nom s’ajoute à la longue liste de lauréats ayant une vision très personnelle de la laïcité…
Malek Boutih, ancien président de SOS Racisme, a reçu des mains du Premier ministre Manuel Valls le prix de la Laïcité. Une drôle d’idée quand on connaît le discours de Malek Boutih. Le député de l’Essonne accuse en effet l’extrême gauche d’être tombée dans le « fascisme. » Auteur d’un rapport très controversé portant sur la dérive islamiste d’une partie de la jeunesse française dans les quartiers défavorisés — il avait notamment recueilli l’avis du fantasque Jean-Paul Ney — et soutien d’Amine El Khatmi — qui avait jeté l’opprobre sur une élue voilée —, Malek Boutih a une conception très personnelle de la laïcité. « On ne peut pas considérer que le port du voile est normal », dit-il par exemple.
Avant Boutih, Françoise Laborde, Jeannette Bougrab ou encore Djemila Benhabib
Le Comité Laïcité République (CLR) remet depuis 2003, chaque année, son prix de la Laïcité. Pour cette édition, le jury était présidé par Joseph Macé-Scaron, président du comité éditorial du magazine Marianne, soutien du Printemps Républicain. La liste des lauréats laisse perplexe. En 2015, par exemple, c’est le directeur de l’UIT de Saint-Denis Samuel Mayol, accusé de manipulation islamophobe, qui avait remporté le prix de la Laïcité. Il succédait à Françoise Laborde, Jeannette Bougrab ou encore Djemila Benhabib. Dans son discours, le président du CLR, Patrick Kessel, a montré que son comité se servait de la laïcité « pour mieux la trahir en en faisant une arme contre l’Islam », comme l’expliquait Manuel Valls un an plus tôt en parlant de l’extrême droite. Kessel a notamment expliqué, dans son discours hier, que « certaines militantes communautaristes revendiquent un droit à porter le voile partout alors que des millions de femmes dans le monde risquent leur vie pour le droit à ne pas le porter. » Un argument éculé, que l’on retrouve souvent dans la bouche des membres du Printemps Républicain. Finalement, ce prix de la Laïcité n’est rien d’autre qu’un prix visant à mettre en avant ceux qui s’opposent à l’Islam. Manuel Valls, hier, a d’ailleurs déploré que, « à force de fermer les yeux, les communautarismes sont montés en flèche, qu’on a laissé faire les prêcheurs de haine. » En recevant son prix, Malek Boutih a voulu le dédier « à toutes les femmes qui vivent en oppression dans le monde arabe. » Oubliant que, dans son propre pays, « à cause de leur voile, des femmes de confession musulmane sont discriminées à l’embauche, voire exclues du marché du travail », comme l’indiquait en janvier dernier « Complément d’enquête ».