Le Premier ministre français répond au New York Times, qui avait donné la parole à des femmes musulmanes. Il dénonce un manque d’exigence de la part du journal américain et tente d’imposer sa vision de l’Islam en France.
Il y a quelques jours, le New York Times publiait un article sur l’islamophobie en France. Un article qui a beaucoup fait parler de lui : en effet, alors que les médias français s’interrogeaient sur la légalité ou non du burkini sur les plages françaises, aucun des journaux ne donnait la paroles aux femmes musulmanes victimes de racisme. Ces « langues déliées » ont ému les uns et énervé les autres. Manuel Valls, notamment, n’a pas vraiment apprécié le regard du New York Times sur notre pays. Le Premier ministre s’est fendu d’un long article dans le Huffington Post pour répondre au journal américain qui, selon lui, « donne une image insupportable, car fausse, de la France, pays des Lumières et pays des libertés. »
Les mensonges de Manuel Valls
Le chef du gouvernement a donc décidé de réécrire l’article du quotidien américain. Manuel Valls rappelle son « combat contre ce fléau » qu’est l’antisémitisme, mais admet cependant qu’il « n’ignore rien de la xénophobie, des actes antimusulmans qui peuvent exister dans (son) pays. » Là où le Premier ministre n’a jamais hésité à taper sur l’Islam, il écrit que, « par son histoire, sa géographie, par son immigration, la France entretient des liens très forts avec l’Islam. » Il « conteste avec la plus grande vigueur » le fait que les musulmanes n’aient pas assez la parole en France. Manuel Valls assure qu’on est loin d’un « apartheid forçant les musulmans à quitter leur pays pour faire des études, trouver un emploi, faire carrière », alors que lui-même évoquait début 2015 « un apartheid territorial, social, ethnique » en France.
Là où Manuel Valls est de mauvaise foi, c’est lorsqu’il affirme que « les femmes musulmanes à qui cet article donne la parole expriment un point de vue », mais que « l’exigence aurait dû porter la journaliste du New York Times à interroger l’immense majorité des femmes musulmanes qui ne se reconnaissent pas dans une vision ultra-rigoriste de l’Islam. » Or, dans cet article du quotidien américain, il n’est pas question d’Islam rigoriste mais bien d’une islamophobie rampante en France. Cette mauvaise foi vaut aussi lorsque le Premier ministre indique, en le citant, que le camp d’été décolonial était interdit aux « personnes à la peau blanche. » En réalité, le camp d’été décolonial était réservé « aux personnes subissant à titre personnel le racisme d’Etat », il n’a jamais été question d’interdiction aux personnes à la peau blanche, comme le dit Manuel Valls. S’il rappelle que « la laïcité, ce n’est pas la négation de la religion », dans les actes, on est bien loin de sa définition lorsqu’il s’agit de l’Islam.