L’éditorialiste de Marianne, Jacques Julliard, dans un texte publié ce week-end dans l’hebdomadaire, revient sur le livre de Pascal Bruckner consacré à un racisme qui serait, selon son titre, « imaginaire. » L’auteur de cet éditorial estime – rien que ça – que critiquer l’Islam est impossible là où on peu « insulter le pape » ou même « cracher sur le Christ en croix. » Ayant adoré le livre de Bruckner, qu’il juge « courageux », Jacques Julliard revient sur les raisons qui poussent Daesh à faire de la France une de ses cibles préférées. « Ce n’est pas parce qu’elle opprime les musulmans, mais au contraire parce qu’elle les libère », écrit-il. Pour Julliard, donc, le musulman serait « soumis à l’intimidation et à la crainte », et cela rendrait fous de rage les terroristes. L’éditorialiste en profite pour étriller les associations luttant contre l’islamophobie, dont une des pires aberrations, dit-il, « est de transformer la religion en race. »
Dans son livre « Proche-Orient : coup de projecteur pour comprendre », Alain Rodier explique que « ce qui irrite le plus les dirigeants étrangers (et pas que ceux qui sont musulmans), c’est la propension de l’Occident à vouloir donner de leçons de morale. Cela est ressenti comme une sorte de nouveau colonialisme religieux à la sauce américaine. » Ce néo-colonialisme, on le retrouve dans ce texte de Marianne. Jacques Julliard écrit, sans le dire, que l’Islam ne serait pas compatible avec la République. Il nie, par la même occasion, l’importance de l’islamophobie. Dans une chronique écrite en juillet dernier, Yasser Louati écrivait : « Avant de pouvoir espérer un quelconque pas vers la sécurité, il faudra d’abord que le citoyen ordinaire prenne la mesure du danger qui le guette lorsqu’il accepte la normalisation de la haine. Daesh disparaitra mais les islamophobes attendront son successeur. » Nier que les musulmans de France sont oppressés, stigmatisés, c’est se voiler la face. Julliard, comme Bruckner, en atténuant les actes antimusulmans, sont en train d’interdire toute critique de l’islamophobie. Et c’est très grave.