Marseille a comme chaque année, commémoré la mort d’Ibrahim Ali, rassemblant une centaine de personnes sur les lieux de l’assassinat. Ce jeune d’origine comorienne, a été abattu à 17 ans le 21 février 1995, d’une balle dans le dos par des colleurs d’affiches du Front national. Il alors sortait d’une répétition avec son groupe de musique B-Vice.
Déjà à l’époque, ce drame avait secoué la cité phocéenne et la communauté comorienne était descendue dans la rue. Entre 10 000 et 15 000 personnes avaient défilé pour lui rendre hommage, s’indignant de cet acte raciste. Le père d’Ibrahim, lui, demandait « la justice, la clarté (…) la dignité pour la mémoire de (son) fils. »
Lors du procès, en juin 1998, plusieurs témoignages démontrent le racisme et de la violence de Robert Lagier, l’un des trois accusés. Il écope de quinze ans de prison et décède en détention. Les deux autres accusés, Mario d’Ambrosio, également armé ce soir-là, a été condamné à dix ans et Pierre Giglio à deux ans, dont un avec sursis.
« Un jour viendra, une rue, un lieu culturel portera ton nom Ibrahim, je m’y engage »
Si justice a été rendue, l’émotion suscitée par cette affaire est toujours importante. Récemment, le député LREM, Saïd Ahmada, a demandé au maire de Marseille, que la rue où Ibrahim Ali a été abattu, soit « rebaptisée en son nom ». Il explique même que cet assassinat a marqué « le début de son engagement politique », dans sa lettre adressée à Jean-Claude Gaudin.
« Un jour viendra, une rue, un lieu culturel portera ton nom Ibrahim, je m’y engage », a également posté sur Facebook la sénatrice PS Samia Ghali, rappelant aussi la promesse de Jean-Claude Gaudin, trois jours après la mort du jeune homme, de baptiser une place en son nom.
« Depuis 10 ans, je demande au Maire de Marseille, que le nom d’Ibrahim Ali soit donné à une rue. Demande qu’il a toujours balayé d’un revers de main. Chaque année en séance du conseil, je parle d’Ibrahim Ali et je continuerai à porter cette demande car ce refus est pour moi plus qu’un mépris, c’est un déni. La mémoire collective a besoin de symboles, d’images et de traces », ajoute t-elle.
Pour attribuer le nom d’une rue à quelqu’un, la personne doit être décédée depuis au moins 5 ans, avoir un lien avec la ville, son nom ne doit pas être déjà attribué dans la même ville et l’accord de la famille doit également être demandé.
Ibrahim Ali remplit les principaux critères, seulement, comme l’explique La Provence, un rond-point porte déjà son nom dans le 15e arrondissement à Marseille. Une plaque commémorative a également été affiché sur les lieux du drame, ce qui empêcherait donc la création d’une plaque.
Ses proches espèrent cependant qu’une école ou un autre établissement porte un jour son nom.