Le préfet de police des Bouches-du-Rhône, Olivier de Mazières, vient d’ordonner la fermeture provisoire de la mosquée As Sounna à Marseille. Selon l’arrêté, consulté par 20 Minutes, il est reproché au lieu de culte des prêches qui « légitiment le djihad armé. » Le préfet de police a reçu, selon l’arrêté, l’imam de la mosquée, également président de l’association qui gère le lieu de culte. Arrivé d’Algérie il y a un peu plus de trente-cinq ans, El Hadi Doudi est considéré comme « une référence du salafisme » quiétiste. Selon les autorités, « la teneur de ces prêches, depuis plusieurs années, a conduit plusieurs fidèles de la mosquée à rejoindre la zone irako-syrienne. » L’imam a lui-même reconnu avoir « produit des écrits qui ont pu inciter à la haine. »
Selon Libération, le Conseil régional du culte musulman (CRCM) de PACA « attendait depuis longtemps cette décision. » La préfecture de police des Bouches-du-Rhône estiment que des discours de l’imam « appellent à la défaite et à la destruction des mécréants », « incitent à l’application de la loi du Talion à l’encontre de ceux qui combattent Dieu et son prophète et à l’égard desquels la sentence de Dieu est la mort ou la crucifixion » ou encore « présentent les juifs comme des ‘impurs’, ‘les frères des singes et des porcs’ et incitent à prononcer la formule ‘Allah akbar’ dans les lieux publics pour ‘effrayer les mécréants’. »
Une décision politique ?
El Hadi Doudi a pourtant toujours tenu à dénoncer le terrorisme. En novembre 2015 notamment, il avait signé un communiqué pour condamner les attentats en Île-de-France. Mais la préfecture de police a voulu freiner l’influence d’As Sounna : dans son arrêté, elle indique que l’imam avait « pour ambition de faire de la mosquée As Sounna le plus grand lieu de culte musulman de Marseille en effectuant des acquisitions immobilières, facilitées financièrement par une association salafiste niçoise. » L’imam est également visé pour avoir « usé de pressions pour collecter d’importantes sommes d’argent, notamment en appelant ses fidèles aux dons en précisant qu’il accepterait de l’argent sale. »
La mosquée As Sounna accueille 400 fidèles et serait l’une des plus fréquentées de la ville de Marseille. Interrogé par 20 Minutes, Samir Amghar, sociologue à l’université libre de Bruxelles, indique que l’imam « a la réputation de prôner un islam ultraorthodoxe, mais en s’abstenant de systématiquement de parler de politique, et très critique envers le djihad. » La fermeture est prévue pour une durée de six mois. Accusé d’avoir pris une décision politique — si l’imam est connu depuis si longtemps pour sa présumée radicalité, pourquoi avoir attendu aujourd’hui pour faire fermer le lieu de culte ? —, le préfet de police des Bouches-du-Rhône refuse de commenter sa décision.