Peut-on être à la fois musulmane et fashionista ? Eléments de réponse avec les « Mipsterz »! Moitié musulman, moitié hipster, elles ont donné naissance à ce néologisme aux Etats-Unis. Hijabs, maquillage et vêtements cool, cette double identité qui s’inspire de la tradition islamique mais aussi de la modernité occidentale a lancé un débat sur le rapport entre la mode et l’islam. Peut-on ainsi parler de mode halal ?
La mode halal des Mipsterz : Religion et fashion
Le phénomène des Mipsterz est apparu aux Etats-Unis en 2012. Pour bien se présenter, les adeptes de ce micro-mouvement ont publié un clip qui a fait le buzz en 2013 sur les réseaux sociaux. La vidéo met en scène de jeunes mannequins voilées en train de faire du skate, de déambuler dans les rues, de faire des selfies sur le rythme du morceau de Jay Z «Somewhere in America». Ces jeunes filles mixent islam avec des nouvelles tendances vestimentaires. Cette « mode halal » s’est bien affichée sur la page Facebook officielle du mouvement avec un slogan amusant : «Attends, ils nous détestent parce qu’on est musulmanes? Ou ils nous détestent parce qu’on est des hipsters?». Les adeptes de cette tendance essaient de définir leur vision des choses et le rapport qu’ils souhaitent entretenir entre la religion et la modernité. «Un(e) Mipster est quelqu’un au fait des dernières musiques, modes, mouvances artistiques, pensées critiques, nourritures, créativité, […]», et qui en même temps«cherche l’inspiration dans la tradition islamique et les écritures divines […]», lit-on sur la page Facebook du mouvement. Cette nouvelle tendance du marché halal a suscité de nouveau l’intérêt des médias. Voici un reportage réalisé récemment par Arte qui met les Mipsterz à l’honneur.
Une nouvelle identité de la femme musulmane aux Etats-Unis
Si les Mipsterz ont su s’imposer et gagner en popularité aux Etats-unis qui comptent près de 7 millions de musulmans, certaines personnes restent peu sensibles au charme de cette mode halal. Cette tendance a enclenché un vrai débat sur l’identité de la femme musulmane aux Etats-Unis. La militante et la chercheuse Suad Abdul Khabeer a exprimé son mécontentement face à ce courant avec un message teinté d’ironie. Elle stipule que le voile n’est pas qu’une question de «sexe, de swag et de consommation, mais aussi de croyance et de beauté, de défi et de lutte, de secrets et de modestie». De son côté, l’éditrice du magazine The Islamic Monthly pense que la vidéo «Somewhere in America» nuit à l’image de « la femme musulmane en la réduisant à un niveau physique». Face à ces critiques, Amina Sheikh, l’une des mannequins qui ont posé dans la vidéo se défend : « Les femmes voilées sont des êtres humains et c’était le but de la vidéo. Je connais des femmes voilées qui font du vélo, du skateboard et écoutent du rap. Vous pouvez être dans le déni et renforcer la dichotomie « nous et eux » et l’Occidentalisme. (…) L’Islam est une religion mondiale qui compte environ deux milliards de fidèles et a des trajectoires historiques et colorées. »
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— Womenology (@womenology) 4 Décembre 2014