En Bourgogne-Franche-Comté, « on sait qu’on a 20 % de mosquées radicales. » Non, l’information ne provient pas d’un quelconque rapport du ministère de l’Intérieur mais de… un élu du Front National. Président du groupe FN au Conseil Régional de Bourgogne-Franche-Comté, Julien Odoul avait convié les journalistes, vendredi dernier pour une conférence de presse totalement mystérieuse. Les rédactions étaient invitées à se présenter pour obtenir, de la part du politique, « une information importante encore inconnue médiatiquement. »
Cette information inconnue l’est toujours autant après la conférence du FN. Les élus d’extrême droite se sont en effet pris pour des journalistes en refusant de dévoiler leurs sources. Julien Odoul a tenté d’utiliser des mots qui font peur — imams radicaux, fichés S, salafisme ou encore islam radical — mais les journalistes présents sur place ont eu beaucoup de mal à avaler cette info.
Julien Odoul avance pourtant des chiffres très précis : « Dans la région, on a 190 cas de radicalisation, on sait qu’on a 20 % de mosquées radicales, il est important de mettre un terme à cette avancée pour éviter que d’autres jeunes soient endoctrinés et basculent. »
Etonnant lorsqu’on sait que, de son côté, le Service central des renseignements territoriaux (SCRT) estime à 120 le nombre de mosquées salafistes. Et que le salafisme n’est pas illégal en France. « On ne ferme pas des mosquées dans ce pays en contravention avec toutes les règles de l’Etat de droit et les principes constitutionnels. Parce que la lutte contre le terrorisme se fait dans le cadre de l’Etat de droit », indiquait à France Inter Bernard Cazeneuve lorsqu’il était ministre de l’Intérieur.
De son côté, la préfecture de Bourgogne-Franche-Comté n’a pas réagi aux propos du FN. Le CCIF, lui, s’étonne qu’un élu sorte de tels chiffres sans citer de source. « Cette conférence de presse doit, tout de même, nous interroger sur la ‘source secrète’ des informations avancées par cet élu FN, estime le CCIF. Comment de tels ‘renseignements’ ont pu se retrouver entre les mains de Julien Odoul ? Une enquête interne dans les services de renseignements ne doit-elle pas être, expressément, menée pour mettre au clair ces allégations de l’élu frontiste ? »