Institute for Social Policy and Understanding, un centre de recherche qui a pour objectif d’aider au bon développement de la communauté américaine musulmane, a réalisé un sondage auprès de 2 400 Américains dont 800 de religion musulmane, afin de montrer les différences qui existent au sein des différents groupes religieux dans un contexte politique délicat. Les résultats de ce dernier sondage sont alarmants : 42 % de parents musulmans ont rapporté que leurs enfants avaient été malmenés à l’école à cause de leur croyance religieuse. Le second groupe religieux victime de ce genre de comportements est celui des juifs américains : 23 % des parents de confession juive ont rapporté que leurs enfants avaient été persécuté à l’école. Les protestants — 20 % — et les catholiques — 6 % — s’en sortent mieux.
Mais les musulmans ont bien plus peur pour leur sécurité que n’importe quel autre groupe religieux : 38 % des musulmans interrogés ont déclaré avoir peur des groupes suprématistes blancs, qui se font de plus en plus entendre depuis les élections de 2016. 27 % des juifs, 11 % des protestants et 8 % des catholiques partagent le même sentiment. Parmi les musulmans qui ont voyagé durant l’année passée, un tiers d’entre eux ont déclaré avoir été interpellés plusieurs fois à la frontière américaine. Enfin, six musulmans sur dix ont déclaré avoir été victimes de discriminations basées sur leur confessions religieuse.
Prise de conscience politique
Le sondage révèle que, parmi les personnes interrogées, la plupart étaient en désaccord avec les résultats des élections : 30 % d’entre elles ne soutenaient ni Donald Trump, ni Hilary Clinton. L’engagement politique des musulmans s’est renforcé, accompagné d’un intérêt grandissant pour les droits civils : 18 % d’entre eux ont rejoint des organisations de la société civile pour la première fois et 23 % ont déclaré avoir fait des donations à certaines organisations, à leur mosquée ou encore à leur centre communautaire suite aux élections. Les musulmans sont aussi très engagés dans les mouvements anti-racisme, Black Lives Matter par exemple : 66 % d’entre eux se sentent concernés par la cause.
Enfin, le sondage a permis d’établir un portrait-type du musulman d’Amérique : celui-ci est beaucoup plus jeune, plus libéral et modéré que les membres d’autres groupes religieux, mais il est aussi extrêmement anxieux de ce qu’il se passe actuellement dans son pays et angoissés lorsqu’il regarde l’avenir. C’est néanmoins à travers leur engagement politique et leur forte implication au sein de la société civile que le combat pacifiste des musulmans américains se fait et finira par payer.