« Ici on mange du porc, on boit de l’alcool et on montre notre visage. » Lorsque Sylvi Listhaug, la ministre norvégienne des Migrations et de l’Intégration, parle d’immigration, elle ne fait pas le voyage pour rien. Sa principale cible — et celle de sa formation, le Parti du progrès : l’Islam. « Je crois que ceux qui viennent en Norvège doivent s’adapter à notre société, écrivait la ministre du Facebook. Quand vous venez en Norvège, vous devez respecter les valeurs, les lois et règles qui existent ici. » Les valeurs, ce sont donc l’alcool et le porc, à l’écouter. Une sortie parmi tant d’autres — la Première ministre Erna Solberg s’est, elle, attaquée au voile — qui a fait se sentir mal à l’aise les musulmans présents en Norvège. Ils seraient entre 120 et 150 000, soit 3 % environ de la population globale du pays, dont la majeure partie à Oslo et Akershus.
Partir pour pouvoir pratiquer sa religion librement
Mais depuis quelques temps, ils n’hésitent pas à fuir un pays qu’ils jugent islamophobe. Leur eldorado : le Maroc. Plusieurs dizaines de jeunes musulmans norvégiens, âgés de 20 à 30 ans, seraient en effet partis rejoindre le royaume définitivement, à en croire le journal norvégien Klassekampen. Selon ce dernier, en 2015, près de 400 citoyens norvégiens auraient émigré vers le Maroc ou vers quatre pays musulmans : Egypte, Turquie, Malaisie et Emirats arabes unis. Pour Qasim Ali, écrivain, ces musulmans en ont marre d’être stigmatisés. Une femme, qui envisage de quitter la Norvège, explique par exemple qu’elle « n’aime pas comment les enfants sont traités par les enseignants en raison du hijab. » Les Norvégiens musulmans n’hésitent donc plus à quitter leur pays. Pour certains, il est plus facile de trouver du travail dans un pays musulman. Pour d’autres, il s’agit simplement de pouvoir pratiquer leur religion librement.