Sur un site suisse d’immobilier, un loueur d’appartement précise dans son annonce qu’il ne souhaite que des Européens et demande que les musulmans ne le contactent pas.
Cinq annonces discriminatoires passent entre les mailles du filet chaque année
Accusé d’avoir laissé passer cette annonce islamophobe, le site ImmoScout24 admet l’erreur, mais se dédouane : « Avec 80 000 annonces, indique le directeur du site, des erreurs de contrôle peuvent malheureusement se produire et une annonce avec un contenu douteux peut parfois arriver jusqu’à être publié. » Avant d’assurer que la publication, par erreur, de ce genre d’annonce discriminatoire n’arrive « qu’au maximum cinq fois par an. » Si les annonces islamophobes sont rares, il est en revanche fréquent que des potentiels locataires soient recalés à cause de leurs origines ou de leur religion. Des chercheurs de l’Université de Berne ont étudié, en 2014, les problèmes de discrimination dans le secteur de l’immobilier. Ils ont conclu que les candidats à nom suisse avaient plus de chances de trouver un appartement que les autres.
Le propriétaire à l’origine de l’annonce pourrait en tout cas avoir à s’expliquer devant la justice de son geste. « Il est très probable que le ministère public se saisisse du dossier puisqu’il s’agit d’un délit poursuivi d’office », indique le professeur de droit pénal à l’Université de Fribourg, Marcel Niggli. Selon lui, « celui qui publie une annonce ne peut inclure aucune mention de la race, de l’ethnie ou de la religion. » Mais, ajoute le professeur, l’annonce peut cependant « comporter des références à la nationalité, ce qui n’est pas puni par la loi. » Depuis plusieurs mois, les sites de location d’appartements sont confrontés plus régulièrement à ce genre d’annonces. Airbnb a décidé de mettre en place une charte de non-discrimination pour éviter les annonces discriminatoires. Le géant américain veut une « tolérance zéro » contre les racistes, les homophobes ou encore les islamophones.