Comme la plupart des commentateurs politiques, les principales organisations musulmanes du pays se sont félicitées de l’élection d’Emmanuel Macron au poste de président de la République hier soir. Nul doute que, du côté de l’UOIF, l’Union des organisations islamiques de France, on a le sourire aux lèvres. L’association, si elle n’a pas encore officiellement réagi aux résultats, appelait en effet hier « à aller voter massivement pour faire barrage aux idées de xénophobie et de haine et donner au candidat Emmanuel Macron, le score le plus large. » Suite à l’annonce des résultats, la Grande mosquée de Paris a tenu à souligner « l’élan national qui a plébiscité » Emmanuel Macron, voyant dans cette élection « le signe d’une France réconciliée avec toutes ses composantes spirituelles et religieuses pour répondre dans l’unité aux menaces de division qui pèsent sur la nation. » Si la Grande mosquée de Paris y voit « une nette espérance dans une vision du vivre-ensemble rassemblée autour des valeurs républicaines humanistes, patriotes, démocratiques et laïques », du côté de la Grande mosquée de Lyon, on se félicite que les Français aient été « conscients du danger que faisait courir à la France le discours de haine et de rejet de l’autre. » Même discours du côté du CFCM. Le président du Conseil français du culte musulman a félicité « Emmanuel Macron pour sa belle élection qui ouvre à notre pays un avenir de fraternité et de solidarité. »
L’UOIF et le CFCM sont-ils menacés ?
La situation est assez ironique : car malgré les nombreux messages de félicitations, les différents institutions musulmanes sont toutes, à leur manière, menacées. Il a beaucoup été question de l’UOIF pendant cette campagne, notamment. Si Emmanuel Macron assure que, « aussi longtemps que l’UOIF est une association qui défend une religion, même sur des bases que je ne partage pas, si elle respecte les lois de la République, je n’ai pas à l’interdire », Marine Le Pen et François Fillon ont réussi à mettre dans la tête des Français qu’il fallait dissoudre cette organisation. Le nouveau président devra donc être fort pour ne pas succomber aux demandes de la droite et de l’extrême droite. Car il devrait beaucoup être question de l’UOIF dans les semaines et mois à venir. En revanche, pour le CFCM, le glas pourrait sonner très prochainement. Emmanuel Macron veut en effet « agir pour aider les musulmans à restructurer l’Islam de France » et pourrait bien remplacer le Conseil par une « nouvelle structure » qui serait une « fédération nationale de l’Islam de France » qui regrouperait des associations cultuelles de toute la France. Emmanuel Macron, désormais président, devrait imposer sa patte sur l’Islam de France. Les organisations qui ont appelé à voter pour lui pourraient bien être les premières à en pâtir. Les négociations risquent d’être âpres…