« Afin de mieux faire comprendre côté européen les progrès réalisés par le Xinjiang en matière de développement économique et social (…), la Chine a invité les émissaires diplomatiques des pays européens à visiter le Xinjiang », a annoncé devant la presse un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang.
Les dates de la visite et son déroulement sont en cours de discussion, a ajouté M. Geng, disant espérer qu’elle permette aux ambassadeurs de « constater personnellement la réalité de la situation au Xinjiang, où règnent la stabilité et l’harmonie, et où les gens de toutes ethnies mènent une vie tranquille et heureuse ».
Selon un groupe d’experts cité l’an dernier par les Nations unies, jusqu’à un million d’Ouïghours et de membres d’autres groupes minoritaires turcophones chinois se trouvent dans des camps de détention extrajudiciaire dans cette région.
Pékin affirme que ces sites sont des centres de « formation professionnelle » qui aident les personnes susceptibles d’être attirées par l’extrémisme à se tenir à l’écart du terrorisme et à se réinsérer dans la société, dans une région en proie par le passé à des attentats attribués à des séparatistes ou des islamistes ouïghours.
Interrogé lors d’un point de presse, l’ambassadeur de France à Pékin, Jean-Maurice Ripert, a indiqué qu’à sa connaissance aucun ambassadeur d’un pays de l’Union européenne n’avait encore reçu d’invitation.
« Il nous a été dit que nous allions être invités au Xinjiang », a-t-il déclaré. « Nous avons indiqué que nous serions heureux d’y aller à 28 ».
Après avoir pendant des mois démenti l’existence de lieux d’internement, Pékin a engagé l’an dernier une campagne de communication pour défendre ses « centres de formation », organisant des visites en commençant par des diplomates ou des médias de pays amis.
Une délégation de trois fonctionnaires de l’UE s’est toutefois rendue en janvier au Xinjiang, dans le cadre d’une visite soigneusement organisée dont ils sont revenus avec l’impression que les personnes auxquelles ils avaient parlé dans un « centre de formation » récitaient un discours imposé.
D’anciens détenus disent avoir été internés pour avoir simplement suivi les traditions islamiques, comme le port de longues barbes ou celui du voile.