« Nous avons trouvé un accord sur la base duquel, d’ici 48 heures, nous appellerons le président Mahmoud Abbas à lancer ses consultations pour former un gouvernement d’unité nationale », a annoncé Azzam al-Ahmad, un représentant du Fatah, le parti présidentiel, lors d’une conférence de presse donnée hier soir. Une fois le gouvernement formé, les Palestiniens ont prévu d’instaurer un Conseil national, qui devrait intégrer des ressortissants en exil, avant la tenue des élections législatives proprement dites. « Aujourd’hui, les conditions [pour une telle initiative] sont les meilleures jamais connues », se réjouit al-Ahmad.
Pour que les deux frères ennemis parviennent à cet accord pré-électoral, il aura fallu l’entregent de Moscou, qui a abrité des pourparlers entamés depuis dimanche et dont le but affiché est de « restaurer l’unité du peuple palestinien ». Outre les représentants du Fatah et du Hamas – le parti islamiste qui contrôle la bande de Gaza depuis les dernières législatives de… 2006 – d’autres partis et factions politiques ont été conviés aux négociations, comme le Djihad islamique. Les Palestiniens n’étaient en effet plus retorunés dans les bureaux de vote depuis plus de dix ans. L’année dernière, le gouvernement de Mahmoud Abbas avait reporté les élections municipales, après que la Cour suprême a stipulé que le scrutin ne devait se tenir qu’en Cisjordanie – territoire sous contrôle du Fatah.
Main dans la main
Cet accord historique permet aussi à la Russie de gagner des points sur le plan géopolitique. Un allié d’autant plus courtisé par les Palestiniens que l’administration Trump, qui prendra place en fin de semaine, semble tout acquise à son allié israélien. Aussi, les représentants palestiniens ont profité de leur séjour en Russie pour rencontrer lundi Sergeï Lavrov, le ministre des Affaires étrangères, et lui demander de dissuader le nouveau président américain d’abandonner l’idée de transférer l’ambassade des Etats-Unis de Tel Aviv à Al Qods, dont la partie orientale est annexée par Israël depuis 1967. « Nous avons perçu de la compréhension de la part de M. Lavrov », a confirmé Azzam al-Ahmad.
Moussa Abou Marzouk, un officiel du Hamas, a pour sa part déclaré que son parti ne voulait plus collaborer avec le Quartet (Etats-Unis, Russie, Union européenne et ONU) dans son ensemble mais privilégiait désormais les relations bilatérales, pour « trouver de nouveaux modes de collaboration dans le règlement du conflit israélo-palestinien », a-t-il précisé. Et à cet effet, « la Russie peut jouer un rôle important ». Un autre point d’accord entre le Fatah et le Hamas.