En mars 2016, lors du 5e sommet de l’Organisation de coopération islamique (OCI), le président indonésien appelait les pays musulmans à accroitre leur soutien à la Palestine. Joko Widodo — surnommé « Jokowi » à Jakarta — estimait alors que « si l’OCI ne parvient pas à faire partie de la solution en Palestine, elle deviendra dès lors inutile. »
Début janvier, le ministre indonésien des Affaires étrangères, Retno Marsudi, a estimé que son pays devait avoir un rôle de plus en plus important dans la résolution des problèmes du monde musulman. L’Indonésie ambitionne de devenir le porte-voix du monde musulman et de devancer ainsi les pays du Moyen-Orient dans ce rôle.
Une stratégie logique : l’Indonésie abrite la plus grande population musulmane du monde. Mais jusque là, le pays ne se faisait que peu entendre sur la scène internationale. En élevant la voix contre la persécution des Rohingyas au Myanmar ou contre celle des Palestiniens en Israël, Jakarta se positionne donc en leader.
Un repositionnement gagnant à l’international, mais également au niveau local. En prenant le leadership concernant les persécutions à l’encontre des musulmans, le président indonésien veut séduire l’électorat musulman. Si le pays asiatique est laïque, il connaît depuis quelques années une montée du conservatisme islamique.
L’Indonésie a été parmi les premiers pays à critiquer le « nouveau cycle de violences » qui a touché les Rohingyas, en août dernier. Son ministre des Affaires étrangères a été dépêché au Myanmar pour tenter d’entamer une médiation avec Aung San Suu Kyi. Plus récemment, lorsque Donald Trump a annoncé que Jérusalem était la capitale d’Israël, le président Widodo a été l’un des plus rapides à condamner fermement l’initiative américaine. C’est à son initiative que s’est alors tenue, en Turquie, une réunion extraordinaire de l’Organisation de coopération islamique.
Lors de son discours de la nouvelle année, le ministère des Affaires étrangères a assuré que « la Palestine est au coeur de la politique étrangère indonésienne » et a appelé « à nouveau les pays du monde entier à continuer à apporter leur soutien à la Palestine. » En 2018, le pays asiatique continuera à ne pas taxer les importations de produits palestiniens. De plus, cette année, l’Indonésie assure qu’elle apportera un soutien économique et humanitaire aux Rohingyas.
Au niveau international, l’Indonésie espère que ce virage diplomatique sera jugé à sa juste valeur. Retno Marsudi a d’ailleurs demandé aux pays de soutenir la candidature de son pays à un siège non permanent au Conseil de sécurité des Nations Unies en 2019. L’Indonésie veut augmenter sa présence dans les différentes organisations internationales.