Il estime que c’est un devoir de vérité. Antoine Gallimard compte bien rééditer les pamphlets antisémites du célèbre écrivain Louis-Ferdinand Céline, malgré la polémique qui avait éclaté début janvier suite à cette annonce. Le 11 janvier, Antoine Gallimard avait décidé de suspendre la décision de rééditer ces pamphlets antisémites, « jugeant que les conditions méthodologiques et mémorielles ne sont pas réunies » pour envisager « sereinement » ce projet.
Le patron des éditions Gallimard s’était illustré en défendant son projet : « Aujourd’hui, l’antisémitisme n’est plus du côté des chrétiens mais des musulmans, et ils ne vont pas lire des textes de Céline », avait-il osé dans Le Monde, alors qu’il rencontrait le délégué interministériel de la DILCRAH, Frédéric Potier.
Un mois et demi plus tard, l’éditeur revient sur cette polémique. Et il assure que si le projet a été décalé, il n’a pas été annulé. « J’ai suspendu ce projet, mais je n’y ai pas renoncé », assure Antoine Gallimard, qui ajoute que « la raison de cette suspension est simple : on ne construit rien de valable dans un incendie, on ne peut pas se faire entendre dans un amphithéâtre en ébullition. »
Autrement dit, le calme revenu, Antoine Gallimard compte bien finaliser son envie. L’éditeur veut, dit-il, pouvoir montrer « la coexistence du génie et de l’ignoble en un seul homme. » Une douzaine d’années avant que les œuvre de Céline ne tombent dans le domaine public, Gallimard compte bien en profiter. Pour se dédouaner, Gallimard propose que les textes soient accompagnés d’un « appareil historique » pour les replacer dans le contexte et prévenir des idées nauséabondes qu’ils véhiculent.