C’est un verdict pour le moins déconcertant. Aux Pays-Bas, le député d’extrême droite Geert Wilders a été condamné pour discrimination mais n’a pas été reconnu coupable du délit d’incitation à la haine, ce qui l’exempte de toute peine. Même financière, puisque l’amende de 5 000 euros requise par le parquet n’a pas été retenue. Et cerise sur le gâteau, l’inculpé conserve tous ses droits comme député…
Le leader ultranationaliste hollandais avait été poursuivi pour des déclarations datant de 2014, durant la campagne des élections municipales. En meeting à La Haye, il avait demandé à l’assistance s’ils désiraient « plus ou moins de Marocains » dans la ville et dans les Pays-Bas. Le chef du Parti de la Liberté (PVV) a qualifié ce procès de « faux et malintentionné », arguant que ses propos avaient été « sortis de leur contexte ». Le jugement stipule que ses dires étaient discriminatoires à l’encontre des quelque 380 000 personnes d’origine ou de nationalité marocaine, installées aux Pays-Bas. Un jugement qui prend aussi en compte les témoignages de membres de cette communauté, qui affirment ressentir davantage d’insécurité dans le pays depuis la tenue de ce meeting.
« La liberté a ses limites »
Au cours du procès, Wilders a revendiqué son droit à la liberté d’expression et expliqué qu’il ne faisait référence « à aucune race ». Tout en soutenant cependant que « les Pays-Bas ont un problème marocain ». Et en tant que personnalité politique, il était selon lui de son devoir d’en parler. De même, il a précisé qu’il ne visait pas les Hollandais d’origine marocaine mais « les délinquants » car « dans ce pays, les gens veulent moins de délinquance et moins d’Europe ». Le tribunal a néanmoins considéré que les déclarations du député de 53 ans « ont dépassé sa liberté d’expression » par le caractère « insultant et dégradant » de ses mots.
Le verdict a tenu à rappeler que « les politiques ne sont pas au-dessus de la loi », et que la liberté « a ses limites ». Un verdict qui a été lu en l’absence du principal concerné, qui a prévu de publier sa réaction dans une vidéo bilingue, en néerlandais et en anglais. Comme il l’a lui-même affirmé, quelle que fût l’issue du procès, ce dernier a été une occasion inestimable d’accroître sa notoriété à défaut de sa popularité à l’approche des élections législatives, prévues en mars 2017. Et pour lesquelles le PVV part grandement favori.