Dans un numéro consacré au « grand bouleversement » et aux « nouvelles fractures françaises », Le Point tire la sonnette d’alarme : le magazine s’inquiète que le prénom Marie soit de moins en moins donné, alors que des Mohamed naissent un peu partout dans l’Hexagone. « La France vue par ses prénoms », écrit l’hebdomadaire, permet de s’apercevoir d’« affirmations identitaires et régionales. »
[Thread] Jérôme Fourquet de l’@IfopOpinion est en une de @LePoint pour la sortie de son livre-enquête L’Archipel français dans lequel il analyse les nouvelles fractures françaises : #communautarisme, #FrancePériphérique, #déchristianisation…
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— Ifop Opinion (@IfopOpinion) February 28, 2019
Dans son dossier, le journaliste du Point affirme faire preuve d’un courage incommensurable. Ces données, tirées d’une enquête de Jérôme Fourquet et publiées dans son livre « L’Archipel français », sont « sûrement celles qui seront les plus commentées et même sévèrement critiquées par tous ceux qui, par crainte des stigmatisations, rejettent a priori toute étude reposant sur des bases ethniques ou religieuses. »
Autrement dit, Le Point a le courage de mettre les pieds dans le plat. Dans son livre, Jérôme Fourquet décrit un « basculement civilisationnel majeur » dans notre pays. Il déplore notamment que « l’attrait pour le prénom Marie est le symptôme d’une prise de distance progressive avec le catholicisme. » Et donc, indûment, Fourquet parle d’une islamisation tout aussi progressive de la France.
Car selon les données de son étude, 18 % des nouveau-nés de sexe masculin en 2016 portaient un prénom arabo-musulman. Pour en arriver à cette conclusion, l’auteur de « L’Archipel français » s’est basé sur des données issues des fichiers de l’Insee, de l’Ined ou des listes électorales, puisque le fichage ethnique ou religieux est interdit.
Mais ce livre suffit à créer une certaine hystérie. Car les chiffres, mal utilisés, laisseraient penser que la France compte 18 % de musulmans. « On dit que la proportion des musulmans en France est stable à 9 % depuis 30 ans. Bien. Alors pourquoi en 2018, la proportion des prénoms arabo-musulmans en France est de 18 % ? Ça signifie que les musulmans sont au moins 18 %, non ? », demande Jean Messiah, frontiste qui, ironiquement, s’appelle en réalité Hossam. L’Ifop lui a répondu qu’« un prénom dit des choses, mais il n’est pas prescripteur. Un Karim ne sera pas forcément assidu à la mosquée. »
S’il a tenté de désamorcer une polémique, l’institut de sondage s’est cependant laissé aller à un tweet quelque peu troublant, évoquant les prénoms régionaux, anglo-saxons et… « communautaires » lorsqu’il s’agit d’évoquer les prénoms arabo-musulmans, comme l’a évoqué Sihame Assbague.
Pour l’@IfopOpinion, il y a donc les prénoms
– « anglo-saxons ». Juste des prénoms anglo-saxons
– « régionaux ». Juste des prénoms régionaux
– « bretonnants ». Juste des prénoms bretonnants
– « arabo-musulmans ». Juste des prénoms..ah non, là c’est « communautaire »
Le choix des mots pic.twitter.com/xlccnmZURM
— Sihame Assbague (@s_assbague) March 1, 2019
Bref, à quoi peut bien servir l’étude de Jérôme Fourquet si ce n’est, une nouvelle fois, de stigmatiser une population qui ne serait pas assez française pour choisir des prénoms chrétiens comme le souhaite par ailleurs un certain… Eric Zemmour ?