Dans un éditorial fort, le New York Times exhorte les policiers français à instaurer de la confiance avec les citoyens, quelle que soit leur couleur de peau ou leur religion.
« Les vies noires comptent. » Voilà trois ans que le mouvement « Black Lives Matter » est né aux Etats-Unis, où les crimes contre les Noirs sont fréquents. Un mouvement militant qui pourrait bien se développer en France après la mort troublante d’Adama Traoré, décédé le 19 juillet pendant une interpellation policière à Beaumont-sur-Oise, dans le Val-d’Oise. L’autopsie pratiquée sur le corps du jeune homme mort n’a pas vraiment révélé des causes de sa mort. Un des policiers affirme pourtant, dans le procès verbal, qu’Adama Traoré a « pris le poids de nos corps à tous les trois au moment de son interpellation. » Aujourd’hui, les internautes ont lancé le hashtag #VeriteEtJusticePourAdama, pour connaître les circonstances exactes de sa mort.
« Le racisme prend racine dans le passé colonial français »
Une mort qui a résonné jusqu’aux Etats-Unis. Le New York Times a en effet publié un éditorial dans lequel il dénonce « l’impunité » de la police française. Intitulé « Black Lives Matter in France, Too » — comprenez « Les vies noires comptent en France aussi » —, l’édito du journal américain lie cette affaire à celle de Zyed et Bouna, morts dans un transformateur électrique à Clichy-sous-Bois, et qui n’avait donné lieu à aucune condamnation de policier, provoquant l’écœurement des familles de victimes. Le New York Times parle, en France, d’une « culture d’impunité profondément ancrée. » Pour le quotidien, dans l’Hexagone, à la différence des Etats-Unis, « le racisme prend racine dans le passé colonial français. » Le quotidien assure que l’impunité policière a donné lieu à « des abus à l’égard des minorités. »
Mais c’est surtout depuis le début de l’état d’urgence que l’impunité policière se voit, estime le journal américain, qui renvoie François Hollande à ses promesses pour lutter contre les contrôles au faciès. Fin juin, les députés ont rejeté la création du récépissé qui aurait permis d’aller dans ce sens. Si Bernard Cazeneuve a indiqué vouloir éviter de jeter la « suspicion » sur la police française, le New York Times juge cet argument « dangereux. » Le journal estime que c’est jouer le jeu de Daesh : « L’Etat islamique a montré qu’il sait exploiter les sentiments de colère et de l’aliénation à des fins meurtrières », peut-on lire. Le quotidien de conclure que « la police a besoin d’instaurer la confiance avec les minorités en respectant les droits de tous les citoyens français, quelle que soit leur religion ou leur couleur de peau, et montrer que la justice doit être appliquée de manière équitable. »