Un jeune lycéen s’est fait violemment frapper par les forces de l’ordre à Paris lors d’une manifestation contre la réforme du Code du travail. Des vidéos résumant les faits ont tourné sur le web. Avec une question qui se pose : les policiers sont-ils au-dessus des lois ?
La vidéo montre clairement un jeune garçon bloqué par terre, dans le XIXe arrondissement de Paris, par deux policiers pendant qu’un troisième lui assène un coup de poing en pleine figure. Sur YouTube, la vidéo a dépassé les 800 000 vues. Une autre vidéo montre l’arrestation du garçon — en sang — par le même policier alors que deux autres montent la garde. D’après les informations de Libération, le jeune homme aurait 15 ans et serait en seconde au lycée Henri Bergson.
Partagé au max bavure policière😱. pic.twitter.com/CNgv2U0lh4
— okkkkkkkk☺️ (@dinakesS_91) 24 mars 2016
La police française et l’impunité
l’ACAT, une « ONG chrétienne contre la torture et la peine de mort », avait publié un rapport intitulé « l’ordre et la force » pour pointer des doigts les cas de violences policières en France. Pour cette organisation, ces dérives sont plutôt recensées à l’encontre des « minorités, jeunes issus des quartiers populaires et personnes étrangères. » La situation demande une prise de position ferme, car la réalité est beaucoup plus inquiétante. En effet, la responsable France de l’ACAT, Aline Daillère, estime que les forces de l’ordre françaises jouissent d’une relative impunité quand elles sont responsables d’actes violents.
Le rapport de l’ACAT a étudié déjà 89 cas et, à la surprise générale, la majorité des policiers coupables de violences s’en sont sortis sans sanctions – un blâme au pire des cas –. En effet, « seuls sept ont donné lieu à des condamnations. Ces dernières paraissent faibles au regard des faits reprochés ou par rapport à d’autres types de condamnations prononcées pour des justiciables ‘classiques’ », estime Aline Daillère, qui narre le cas de l’enfant de 9 ans qui a été éborgné par un flash-ball à Mayotte en 2011. Les autorités ont reconnu l’usage illégal de la force par le gendarme, mais ce dernier n’a écopé que d’un blâme.
De l’autre côté, l’ACAT met l’accent sur les traitements internes des affaires ainsi que les conditions des inspections générales ce qui pose un sérieux problème d’impartialité. Une statistique montre qu’en 2014, sur 5 178 cas signalés, seulement 32 ont donné lieu à des enquêtes de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). A cet égard, l’ONG recommande plus de transparence dans le traitement du sujet en insistant sur l’obligation d’émission de chiffres sur le nombre de personnes blessées ou tuées dans les opérations des forces de l’ordre.