Le tribunal fédéral de l’Etat de Washington a validé la tenue d’un procès, le mois prochain, qui vise deux psychologues américains de la CIA. Et ce, malgré les requêtes du gouvernement américain qui ne voulait pas d’un procès public, sous prétexte de vouloir protéger des informations classifiées. Ces psychologues sont accusés d’avoir « encouragé l’utilisation de méthodes de torture comme la simulation de noyade, la faim ou le fait d’attacher les détenus en positions douloureuses ». Il s’agira du premier procès mené sur ces méthodes de torture utilisées par les autorités américaines depuis les attaques du 11 septembre 2001 et la mise en place par l’administration Bush de la fameuse « guerre contre la terreur ». Et c’est L’ACLU (American Civil Liberties Union), un organisme de défense des libertés individuelles aux Etats-Unis, qui est à l’origine de ce procès.
James Mitchell et Bruce Jessen, deux psychologues américains, auraient été embauchés par la CIA pour concevoir et aider à mener des interrogatoires sur des détenus suspectés de terrorisme. Selon l’ACLU, l’administration Bush leur aurait versé une somme de 80 millions de dollars pour ces missions. Pour leur défense, ces derniers affirment s’être contentés de « fournir une liste de méthodes » et assurent que c’est l’agence de renseignement qui a pris les décisions, qui auraient été approuvées par le ministère de la Justice. Ils affirment ainsi ne pas pouvoir en être tenus responsables. Ce procès se tiendra autour du cas de trois prisonniers : le Tanzanien Suleiman Abdullah Salim, le Libyen Mohamed Ahmed Ben Soud et l’Afghan Gul Rahman. Ce dernier est mort d’hypothermie en 2002 après avoir subi des interrogatoires dits « musclés ». L’avocat de l’ACLU, Dror Ladin a déclaré que c’était « un jour historique pour nos clients et pour tous ceux qui demandent que les responsables de la torture répondent de leurs actes ».