Cela faisait dix-huit ans que l’Algérie suivait la méthode de l’Arabie Saoudite pour déterminer le début du mois de Ramadan. Cette année, pour la première fois depuis l’arrivée de Bouteflika au pouvoir, les deux pays pourraient débuter le mois saint à des dates différentes, même s’il y a tout de même des probabilités pour que ce dernier tombe à la même date en Algérie et en Arabie Saoudite. Cette année, l’Algérie a décidé de ne pas suivre la méthode saoudienne pour des raisons religieuses. C’est le ministre algérien des Affaires religieuses, Mohamed Aissa, qui vient de l’annoncer : l’observation du croissant lunaire aura lieu vendredi soir, soit le lendemain de l’observation dans le royaume wahhabite. Cette observation, explique le ministre, « ne peut, d’un point de vue religieux, avoir lieu le jeudi comme en Arabie saoudite. » En effet, la « nuit du doute » doit avoir lieu le 29 du mois de chaâbane, soit jeudi en Arabie Saoudite et vendredi en Algérie. Car les calendriers sont différents dans les deux pays.
D’aucuns y voient une façon de se démarquer politiquement de l’Arabie Saoudite. Ce que réfute Mohamed Aissa, qui affirme que « l’Algérie ne politise pas le croissant. » En tout cas, la décision algérienne sonne la fin d’une « unité » entre les pays musulmans. La fin d’une OPA de l’Arabie Saoudite sur la religion également. En Algérie, l’an dernier, plusieurs responsables fustigeaient le « monopole saoudien » sur l’annonce des fêtes religieuses, et ce en dépit des différences calendaires entre les différents Etats. Le fait que Ryad annonce le lancement du ramadan suffisait alors, puisque les musulmans jeûnent dès lors que la lune a été observée dans un endroit du monde, même s’il ne s’agit pas de leur pays. En 2016, le Maroc avait déjà débuté son ramadan un jour plus tard que les autres pays, qui s’étaient alignés sur l’Arabie Saoudite. Cette année, c’est au tour de l’Algérie d’imposer son point de vue. La « nuit du doute » aura lieu à Riyad jeudi, le lendemain à Alger. Cependant, si le croissant lunaire n’est pas visible en Arabie Saoudite jeudi soir, le ramadan 2017 pourrait bien commencer le samedi aussi bien dans le royaume et en Algérie. Ce qui permettrait d’éviter tout incident diplomatique entre Riyad et Alger…