C’est une habitude encore très ancrée lors des fêtes, que ce soit lors de Noël pour les chrétiens ou de ramadan pour les musulmans : les tables abondent d’aliments et, à la fin du repas, de nombreuses victuailles terminent à la poubelle. Inconcevable, selon certains religieux, qui y voient un dévoiement de l’esprit de ramadan.
Pour le théologien Nabil Mohamed, les anciens vivaient le jeûne de façon « écologique et saine », c’est-à-dire qu’ils cuisinaient en abondance car tout le quartier se joignait à la rupture du jeûne. Aujourd’hui, le ramadan devient un moment de surconsommation. Bien loin des textes. Un verset du Coran indique d’ailleurs qu’« Allah n’aime pas les gaspilleurs. »
« Le ramadan est un mois de retenue et on tombe dans le contraire »
Abdelmonaim Boussenna, imam à la mosquée des Trois-Ponts de Roubaix, dénonce à ce propos, dans La Voix du Nord les dérives consuméristes pendant le mois béni : « Le ramadan est un mois de retenue et on tombe dans le contraire », estime-t-il. Pour le religieux nordiste, pendant ce mois de ramadan, « on consomme à outrance, il y a du gaspillage. »
Ce gaspillage alimentaire existe dans de nombreux pays pratiquant le ramadan et plus particulièrement au Maghreb. En Tunisie par exemple, l’Institut national de la Consommation a lancé une campagne contre le gaspillage. L’organisme a envoyé des SMS aux citoyens tunisiens. Il indique notamment que le gaspillage de pain, déjà énorme en période normale, augmente de 130 % lors du mois de ramadan.
En Algérie aussi, les autorités appellent à la prise de conscience : selon l’Office national des statistiques, les Algériens gaspillent en moyenne, durant le mois béni, douze millions de litres de lait et environ douze millions de baguettes de pain. Partout, les consommateurs tentent de changer leur façon de rompre le jeûne. Mais les habitudes ont la dent dure.