Après chaque attentat, la même musique se met en marche : médias et politiques se mettent à discuter le profil et la qualité des individus « radicalisés » ou encore des loups solitaires qui se mettent à attaquer des individus innocents à travers le monde. Le développement de la communication, côté terroriste et du côté des sociétés de médias, fait naître un choc entre les deux positions donnant à toutes ces guerres les aspects d’une guerre de communication systémique. Au-delà de ces questions, les musulmans sont toujours les assignés à résidence : pourquoi les attentats surviennent-ils dans les pays non musulmans, pourquoi ce sont toujours des musulmans qui revendiquent les attentats ? Il faut savoir qu’acquérir la qualité de musulman est une longue quête non sans sagesse et sans profondeur.
Il est en effet répété dans le Coran que l’équité doit être la boussole constante d’un musulman, qui doit constamment avoir égard à celle-ci. Cette boussole doit nécessairement conduire le croyant vers une liste de caractéristiques qu’il doit apprivoiser à défaut de perdre la qualité de « mominin’ », à savoir : la rectitude, la véracité, la pratique de la justice et de l’équité.
On voit donc que Daesh, qui revendique tous les attentats contre des innocents à travers le monde, ne fait qu’enfreindre les règles élémentaires de la loi islamique qui refuse le terrorisme et l’obscurantisme. Etant donné qu’il s’agit d’une guerre sémantique et de communication, tous nos efforts doivent pointer vers plus de pédagogie à destination des individus qui ne comprennent pas ce qu’est l’Islam.
Réintroduire une rhétorique religieuse à la hauteur des espérances des jeunes musulmans
Il convient ainsi de recourir au combat de Malala qui consiste à combattre l’extrémisme par l’éducation. Il s’agit du seul combat à mener permettant réellement d’atteindre les fondements du terrorisme. Car les combats militaires auront une limite : cette limite a été mesurée par le conflit en Iraq, lequel a débouché sur le conflit syrien. Pour éviter que ces éléments ne s’enlisent, il faut réintroduire une rhétorique religieuse qui soit à la hauteur des espérances des jeunes musulmans en leur indiquant que le but de l’Islam n’est pas l’attentat-suicide mais bien une relation avec Dieu qui passe par les prières quotidiennes et la bonté envers autrui.
En pratiquant ces piliers essentiels de notre religion, nous combattrons par notre nature la volonté de déstabilisation de Daesh. Dans les premiers papiers que j’ai écrits, j’ai mentionné l’amour envers son voisin, la nécessité de doubler de générosité pendant le ramadan. Surtout, les attentats terroristes doivent être les moyens de démontrer que les enseignements de l’Islam et du prophète de l’Islam sont en total contrariété avec ce que propose Daesh.
C’est la raison pour laquelle il faut appeler ces revendications, celles d’un Etat non islamique.
* Asif Arif est avocat au Barreau de Paris, auteur spécialisé sur les questions d’Islam et de laïcité. Retrouvez ici sa page Facebook.