Nous sommes en 1955. Comme le rappelle le site de l’ambassade d’Israël en Birmanie, à l’époque, U Nu, chef du gouvernement birman, est « le premier Premier ministre étranger à se rendre dans l’Etat nouvellement indépendant d’Israël. » Les relations entre la junte militaire birmane et Israël ont toujours été cordiales, voire même amicales. Et donc, forcément, commerciales. Si bien que les chefs de l’armée birmane n’hésitent pas à faire un peu de shopping chez les Israéliens de façon très régulière. En septembre 2015, par exemple, le général Maung Aye s’était rendu en Israël où il avait rencontré le chef d’Etat-Major. Bien que secrète, la rencontre avait finalement fuité dans la presse avec la diffusion de plusieurs photos. Des sites israéliens avaient alors révélé qu’Israël avait fourni à la junte militaire birmane plusieurs navires de patrouille Super Dvora ainsi que des équipements et des formations.
Des militants dénoncent la complicité d’Israël dans les violences contre les Rohingya
Côté birman, les relations commerciales avec Israël ne sont pas un secret. L’entreprise birmane AGT, qui propose des « solutions de sécurité », affiche d’ailleurs fièrement sur son site internet le logo de son partenaire, la société israélienne TAR Ideal Concepts Ltd, qui exporte des équipement de défense et des armes. En août 2016, l’entreprise de Tel-Aviv avait d’ailleurs posté sur son site des photos d’entraînements avec des fusils destinés à être envoyés en Birmanie. Les relations d’armement entre Israéliens et Birmans ne sont pas nouvelles : d’après la publication britannique Jane’s Intelligence Review, datée de mars 2004, « la Birmanie et Israël développent un pacte militaire. » Treize ans plus tard, la coopération militaire entre les deux pays continue. Ce qui n’est pas du goût des militants israéliens des droits de l’Homme qui demandent à la Cour suprême israélienne d’exiger de la part du ministère de la Défense de mettre fin aux accords commerciaux entre Israël et l’armée birmane. Eitay Mack, l’homme à l’origine de cette requête, précise que les preuves de liens entre l’armée birmane et Israël sont suffisants, mettant en cause aussi bien l’Etat que les entreprises de sécurité locales, pour qu’Israël soit complice des atrocités commises dans le pays d’Asie.