La communauté la plus persécutée du monde, selon l’ONU, s’est rebellée, ce vendredi, contre les forces armées birmanes. En effet, environ 150 Rohingya ont attaqué simultanément une vingtaine de commissariats de police et une base militaire de l’Arakan. Des affrontements violents qui ont fait de nombreux morts, aussi bien du côté des Rohingya que de la police : on compte, selon Le Monde, au moins 71 morts dont une soixantaine de membres de cette communauté musulmane régulièrement visée par l’armée et par des moins bouddhistes extrémistes. En mars dernier, l’ONU avait voulu dépêcher une mission indépendante en Birmanie pour constater les dégâts de ce nettoyage ethnique. La principale dirigeante du pays, l’ancien prix Nobel de la Paix, Aung San Suu Kyi, avait refusé, estimant que l’envoi d’une telle mission allait « aggraver les hostilités entre les différentes communautés. » Mais ce sont bien les exactions commises par les forces armées et les bouddhistes extrémistes qui ont fait dégénérer encore un peu plus les choses. Les Rohingya ont dérobé des armes dans quelques postes de police et les combats se poursuivent toujours.
L’ONU avait pourtant prévenu la junte militaire birmane
Les Rohingya n’ont ni accès aux hôpitaux, ni aux écoles, ni même au marché du travail en Birmanie et sont considérés comme des étrangers. De nombreux membres de cette communauté vivent des des camps de fortune et les déplacements sont considérables. En octobre dernier, ils s’étaient déjà rebellés contre les forces de police en attaquant des postes frontières. L’armée birmane avait alors été accusée de viols, de massacres et de torture. Côté birman, on accuse l’ONU d’avoir attisé le feu avec la publication d’un rapport sur le nettoyage ethnique. Ce document, sorti hier, prévenait la junte militaire birmane d’un risque de radicalisation de la part des Rohingya si les exactions contre cette communauté se poursuivaient. En juin dernier, Amnesty International dénonçait des « actes de torture », des « exécutions extrajudiciaires » ou encore des « bombardements aveugles de villages civils » dans cette région de la Birmanie. Depuis plusieurs semaines, nombreux sont les Rohingya à fuir la Birmanie pour le Bangladesh. Ils seraient plusieurs centaines de Rohingya à avoir traversé la frontière. Une trentaine d’entre eux ont été renvoyés par les autorités bangladaises en Birmanie. Un aller simple vers l’enfer, au vu des événements qui se déroulent actuellement dans ce pays…