Le prédicateur Salman al-Awdah est détenu, depuis le 7 septembre, par les autorités saoudiennes. Quatre mois passés en prison sans aucune inculpation, dénonce Human Rights Watch. De leur côté, les membres de la famille du savant ont été interdites de voyager.
Que reproche-t-on exactement à Salman al-Awdah ? Selon HRW, le prédicateur est détenu après avoir refusé de tweeter un texte dicté par les autorités saoudiennes au sujet du blocus imposé par le royaume wahhabite au Qatar. Pire, Salman al-Awdah aurait tweeté, le 9 septembre, un appel à la réconciliation entre les pays du Golfe, indique Al Jazeera.
Selon les proches du prédicateur, ce dernier n’aurait eu l’autorisation que de passer un coup de téléphone lors du mois d’octobre. HRW dénonce les méthodes de la justice saoudienne : « Les efforts du prince héritier Mohammad bin Salman pour réformer l’économie et la société saoudiennes échoueront si son système de justice méprise la primauté du droit en ordonnant des arrestations et des châtiments arbitraires », a ainsi déclaré Sarah Leah Whitson, directrice du Moyen-Orient au sein de l’organisation non gouvernementale.
Pour une Arabie Saoudite libre
Human Rights Watch dénonce le fait qu’aucune charge ne soit retenue contre Salman al-Awdah. « Il n’y a aucune raison de punir les membres de la famille d’un détenu sans montrer la moindre preuve ou accusation d’acte répréhensible de leur part », dénonce HRW. Salman al-Awdah avait été appréhendé lors d’une vague d’arrestations contre des personnes accusées d’agir contre les intérêts du royaume saoudien.
Au début des années 1990, Salman al-Awdah a appartenu au mouvement Sahwa, qui appelait à l’instauration d’une monarchie constitutionnelle en Arabie Saoudite. Opposé à la présence de l’armée américaine sur le territoire saoudien après la guerre du Golfe, il avait été arrêté et avait croupi en prison pendant cinq ans, de 1994 à 1999.
Opposé à l’intervention américaine en Irak depuis plusieurs années, mais également à la pénalisation de l’homosexualité, Salman al-Awdah a toujours milité pour une Arabie Saoudite dans laquelle les libertés individuelles auraient une place importante, comme le résume ce portrait paru dans Le Monde.
Si, en apparence, Mohammad bin Salman veut moderniser son pays, le prince héritiers n’a pas hésité, ces derniers mois, à faire arrêter des prédicateurs religieux influents mais hostiles aux oulémas officiels.