Ils ne représentent que quelques pourcents et n’ont que peu de visibilité à la télévision. Et pourtant, ce sont ceux qui n’ont généralement pas leur langue dans la poche. Poutou, Asselineau ou encore Lassale ont donné, hier soir, une leçon de politique aux favoris de la présidentielle. Mais qu’ont-ils se si particulier, ces « petits » candidats ? Tout d’abord, ils mettent les candidats devant leurs contradictions là où les journalistes n’osent pas poser les vraies questions. Lors du débat d’hier soir sur CNEWS, François Asselineau a par exemple reproché à Emmanuel Macron d’être « toujours d’accord avec tout le monde » ou encore taclé François Fillon en assurant que, s’il était élu, son épouse resterait « discrète » et continuerait son travail. A propos du même Fillon, Philippe Poutou s’est lui aussi lâché : « Plus on fouille, plus on sent la corruption, la triche », a-t-il dit, avant de s’en prendre à Marine Le Pen qui, dit-il, « pique dans les caisses publiques. »
Le mépris de Laurent Ruquier envers Poutou
Ces « petits » candidats n’ont, en réalité, de petit que le nom. La petitesse, c’est plutôt le dédain montré par les médias qui les reçoivent. Retour quelques jours en arrière. Philippe Poutou est l’invité de Laurent Ruquier pour son show du samedi soir. L’animateur rappelle alors que si le candidat du NPA est son hôte, c’est simplement pour le respect du « principe d’équité. » Ruquier n’a pas hésité à dénoncer le « double discours » de Poutou : gentil en face-à-face, virulent sur les réseaux sociaux. C’est oublier le mépris qui a entouré la venue de la figure de l’anticapitalisme quelques semaines plus tôt, Vanessa Burggraf ayant été prise d’un fou rire au moment de parler des licenciements. Dans Télé-Loisirs, Philippe Poutou se désole que les chroniqueurs de Laurent Ruquier et l’animateur « ne se rendent peut-être pas compte qu’en faisant ça, ils mettent en évidence leur mépris et leur incapacité à discuter. »
Deuxième passage de Philippe Poutou dans #ONPC. Même ton arrogant, même mépris pour le candidat et les idées qu’il défend.
Affligeant. pic.twitter.com/3DUElj6g9i— Antoine Lévèque (@Antoine_Lvq) April 2, 2017
Des journalistes complaisants avec les favoris
Car la politique est un show et, selon Laurent Ruquier semble-t-il, elle doit le rester. Se moquant ouvertement de Jean Lassalle, Philippe Poutou ou encore Jacques Cheminade, l’animateur a continuellement montré qu’il faisait une faveur à ces derniers en leur offrant une place sur son fauteuil le samedi soir. Les journalistes, eux, ne sont pas mieux : sur TF1, lors du premier débat, ils s’étaient bien gardés d’attaquer François Fillon sur sa mise en examen. Hier soir, Ruth Elkrief et Laurence Ferrari n’ont guère fait mieux : lorsque Marine Le Pen a évoqué les cafés de Sevran réservés aux hommes, aucune des deux journalistes n’a cru bon de lui rappeler la contre-enquête du Bondy Blog. Normal : l’entre-soi est le leitmotiv à la télévision. Les « petits » candidats sont l’apanage des petits médias. La télévision, elle, préfère discuter avec François Fillon, Emmanuel Macron et Marine Le Pen. En tout amitié, bien sûr.