Depuis le 6 avril, les manifestants sont rassemblés jour et nuit devant ce QG, dans le prolongement d’un mouvement de protestation déclenché au départ pour dénoncer le triplement du prix du pain dans ce pays pauvre, avant de se muer en contestation contre le président Omar al-Béchir.
Sous la pression de la rue, ce dernier a été destitué le 11 avril par l’armée après près de 30 ans au pouvoir, et un Conseil militaire de transition a pris le pouvoir pour deux ans. Les manifestants réclament aujourd’hui le transfert du pouvoir à une autorité civile.
« Pour un gouvernement civil libéré de tout militaire », pouvait-on lire sur une banderole brandie par des manifestants, lors des prières effectuées sur les lieux du sit-in, sous un soleil de plomb, selon un journaliste de l’AFP sur place.
« Liberté, liberté », ont scandé les manifestants.
« Nous voulons dire à l’armée qu’ils sont les fils de la nation, mais que leur rôle est de protéger le pays », a déclaré dans un prêche l’un des leaders de la prière, cheikh Mater Younes, un militant originaire de la région en conflit du Darfour (ouest).
« Nous ne nous retirerons pas avant que nos demandes d’un gouvernement civil ne soient satisfaites », a-t-il ajouté, appelant à punir les « symboles » du régime Béchir qui doivent selon lui être jugés de façon « équitable et transparente ».
« Sang pour sang! », a répondu la foule.
« Ma famille habite dans un camp (de déplacés) à Kalma’, au Darfour, et « je suis là depuis le 6 avril », a confié Haroun Adam. « Je suis prêt à rester ici encore un an, jusqu’à ce que notre demande principale soit satisfaite: mise en place d’un gouvernement civil et punition de tous ceux ayant commis des crimes ».
« Un, deux, trois, quatre, nous sommes tous le Darfour », ont scandé les manifestants derrière lui.
Jeudi, des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés devant le QG de l’armée, à l’appel des leaders de la contestation.
Dirigé par le général Abdel Fattah al-Burhane, le Conseil militaire a jusqu’à présent résisté aux appels à céder le pouvoir, y compris ceux de la communauté internationale. Trois des dix membres du Conseil militaire ont toutefois démissionné mercredi sous la pression de la rue.
Le Conseil militaire a eu cette semaine des discussions avec les leaders de la contestation, qui ont parlé d’une étape vers « renforcement de la confiance ».
Washington a dit appuyer « la demande légitime » des Soudanais d’un gouvernement dirigé par des civils. Plusieurs pays africains réunis mardi chez le voisin égyptien ont accordé trois mois au Conseil militaire pour assurer une « transition pacifique et démocratique ».