Face aux sanctions américaines contre l’Iran, l’Europe espérait encore jouer sa propre partition en proposant, en août dernier, une « loi de blocage » interdisant aux sociétés européennes présentes en Iran d’accepter le chantage américain. « Si les entreprises européennes respectent les sanctions secondaires américaines, elles seront, en retour, sanctionnées par l’Union européenne », résumait Nathalie Tocci, conseillère du chef de la diplomatie de l’UE.
Résultat : en juin, Renault affirmait vouloir rester en Iran, quitte à engager un bras de fer avec l’administration Trump. Mais face à une deuxième salve de sanctions américaines entrées en vigueur début novembre, le constructeur automobile a, à l’instar de Peugeot, décidé de quitter l’Iran.
Les Américains semblent avoir pris un coup d’avance sur l’Union européenne. La suspension des banques iraniennes par le réseau SWIFT en est la preuve. Le fournisseur mondial de services de messagerie financière sécurisés, basé à Bruxelles, annonce que « conformément à sa mission de soutien à la résilience et à l’intégrité du système financier mondial en tant que prestataire de services mondial et neutre, SWIFT suspend l’accès de certaines banques iraniennes à son système de messagerie. »
Une nouvelle victoire américaine sur l’Europe. SWIFT affirme que « cette mesure, bien que regrettable, a été prise dans l’intérêt de la stabilité et de l’intégrité du système financier mondial dans son ensemble. » Une façon de déplorer la chose et d’expliquer que ce sont les Etats-Unis qui mènent la danse, l’UE semblant subir sans pouvoir réagir. Reuters parle même d’un piège pour SWIFT, suite à l’annonce par les Etats-Unis de leur volonté de déconnecter l’Iran du circuit bancaire international.
Si cette décision de SWIFT montre que les Etats-Unis prennent un coup d’avance sur l’Iran, qui aura du mal à contourner le système bancaire mondial, elle prouve aussi que Donald Trump a soumis l’Union européenne à sa cause.