Marc Bonnant est devenu l’avocat de Tariq Ramadan dans l’affaire des accusations de viols qui visent l’islamologue.
« L’islamophobie est un droit… Non, ici, un devoir »
L’avocat genevois est connu pour ses critiques acerbes envers l’Islam et il en avait débattu avec vigueur lors d’une rencontre houleuse en 2006 avec… Tariq Ramadan. A propos de Charlie Hebdo, le juriste avait d’ailleurs écrit : « L’islamophobie est un droit… Non, ici, un devoir. » En mai dernier, il ajoutait : « La peur de l’Islam est légitime, salutaire. C’est même un devoir sacré », menaçant les Suisses en estimant « qu’un jour, leurs filles porteront le niqab et que leurs fils prieront à La Mecque. »
Tariq Ramadan conteste catégoriquement avoir eu un comportement pénalement répréhensible
Quatre anciennes élèves de Tariq Ramadan ont livré dans la Tribune de Genève, de façon anonyme, des témoignages qui accusent le professeur de relations sexuelles alors qu’elles étaient mineures. Marc Bonnant indique que « Tariq Ramadan conteste catégoriquement avoir eu un comportement pénalement répréhensible avec une quelconque de ses élèves. »
En s’adjugeant les services de l’avocat suisse et de Yaël Hayat, l’ex-compagne du ténor du barreau français Eric Dupond-Moretti, l’accusé espère bien sortir blanchi de cette affaire.
Mais dans cette bataille judiciaire qui, après la France et la Belgique, s’est propagée du côté de la Suisse, c’est le choix de Marc Bonnant qui interpelle. Devant les juges, ce sont donc un fervent combattant de l’islamophobie et un islamophobe notoire qui seront réunis. Un coup de communication ? Pas forcément, car en prenant cet avocat, Tariq Ramadan veut avant tout mettre toutes les chances de son côté dans le procès qui l’attend : Bonnant est en effet un ténor du barreau suisse. Le duo Bonnant-Hayat veut surtout remettre l’affaire là où elle devrait se placer : dans les tribunaux. « Nous n’entendons pas réagir devant des instances médiatiques », expliquent les deux avocats, puisque la presse a déjà jugé coupable l’islamologue avant tout procès.
Déplacer l’affaire des médias vers les tribunaux
En acceptant de s’occuper de cette affaire, le juriste choisit de défendre non pas l’islamologue, mais l’homme. « Ce n’est pas le théologien ou le théoricien que je défends mais l’homme à qui certains imputent des comportements inadmissibles », a ainsi déclaré Marc Bonnant dans Le Temps qui parle d’une « défense calculée de Tariq Ramadan. » « L’accusation par voie de presse, masquée de surcroît, est pire que tout », précise de son côté Yaël Hayat qui déplore que les accusatrices de Tariq Ramadan « contournent la justice et ses principes pour choisir un mode où on accuse librement, on condamne, on exécute. »
Avec ce choix d’avocat de la part de l’islamologue, l’affaire Ramadan devrait désormais se jouer dans les prétoires et non plus dans les médias. C’est maintenant la réalité d’un homme dont on devrait parler et non plus celle d’un « pape », voire d’un prétendu « gourou » de la communauté musulmane.