Homme d’affaires et des médias tunisien, Nabil Karoui, qui a été libéré quatre jours avant le second tour de la présidentielle, est une personnalité qui a longtemps été proche du pouvoir avant de se placer comme un candidat opposé à l’élite politique en place.
M. Karoui est sorti de prison mercredi soir, après une décision le jour même de la Cour de cassation de le libérer, selon son avocat Kamel Ben Messoud.
Aucun paradoxe ne l’effraie: inculpé en juillet pour blanchiment d’argent et évasion fiscale, ce publicitaire a mené campagne en se présentant comme le candidat des plus démunis.
Son interpellation le 23 août, à dix jours du début de la campagne, ne l’a pas empêché d’être qualifié au second tour.
Depuis son incarcération, Nabil Karoui, à la tête d’un nouveau parti, « Qalb Tounes » (« Au coeur de la Tunisie »), a fait étalage de sa pugnacité coutumière, en brocardant une « tentative de coup d’Etat » et se présentant comme un « prisonnier politique ».
Agé de 56 ans, cet ancien commercial pour les marques Colgate et Palmolive –selon sa biographie officielle–, est un habitué des combats. Polyglotte et cultivé, il n’est cependant pas issu d’une grande famille et s’est fait lui-même une place dans le sérail politique.
De multiples procédures ont été ouvertes ces derniers années contre cet ex-proche du pouvoir, ou contre la chaîne qu’il a fondée, Nessma, qui émet sans licence. En retour, il a accusé le gouvernement d’instrumentaliser la justice pour l’écarter de la course au pouvoir.
Il est marié à Salwa Smaoui, cadre chez Microsoft, qui a quitté temporairement son emploi pour assurer la campagne de son époux durant son incarcération.
Mère Teresa et Abbé Pierre
Ces trois dernières années, M. Karoui s’est patiemment construit une notoriété en distribuant électroménager et biens divers aux quatre coins du pays sous l’œil des caméras de Nessma.
La chaîne diffuse quotidiennement « Khalil Tounes », émission caritative en mémoire de son fils, Khalil, mort dans un accident de voiture en 2016.
On y voit le magnat des médias, cheveux poivre et sel, traits fins, habits griffés et style branché, sillonner le pays comme aucun politicien ne l’avait fait, en écoutant les doléances des plus démunis.
« ‘Khalil Tounes’ m’a permis de me rapprocher des gens, de réaliser les énormes problèmes sociaux dans le pays », avait-il déclaré à l’AFP peu après sa candidature, n’hésitant pas à se comparer à Mère Teresa ou l’Abbé Pierre.