Dans un ouvrage qui vient de paraître, Musulmans au quotidien : une Enquête européenne sur les controverses autour de l’Islam (éditions La Découverte), la sociologue Nilüfer Göle, directrice d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) balaie tous les clichés sur cette question qui brûle les lèvres des islamophobes : l’Islam est-il soluble dans la République ? Il est ici question de laïcité, de croyances et de mélange entre respect des valeurs de l’Europe et pratiques religieuses.
Si la volonté des uns de développer le halal en France peut être assimilée, aux yeux des autres, à une volonté de communautariser l’Europe, la sociologue répond par la négative. Pour Nilüfer Göle, qui a voulu rencontrer les « msulmans ordinaires » – « Ceux qu’on n’entend guère dans les débats médiatiques, ces classes moyennes déjà intégrées », dit-elle –, les Européens de confession musulmane veulent montrer leur double appartenance : européenne et musulmane.
Une laïcité négative est en train de naître en Europe
Dans une interview à Libération, la sociologue explique que « la foi est constamment travaillée par les musulmans eux-mêmes qui inventent des styles de vie selon les normes religieuses dans un environnement séculier. » Sur la laïcité, Nilüfer Göle assure qu’elle « est vue comme une exception française. » Cependant, selon elle, « au lieu d’organiser le vivre-ensemble, de permettre le partage de la vie publique, une conception didactique, voire répressive, de la laïcité est en train de s’imposer. »
Enfin, à propos des polémique qui fleurissent chaque année dans les médias, l’auteur affirme que « porter un foulard, demander la construction d’une mosquée, consommer halal, c’est manifester sa présence en public, c’est être acteur, citoyen de la société. »
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