Essia Aouini est une étudiante de 19 ans. Dans le cadre d’un service civique, elle a été recrutée par le club de football l’AS Surieux, au sud de Grenoble, pour entraîner deux équipes d’adolescentes. Seulement voilà, le président de la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes de football a notifié au club qu’Essia Aouini devait retirer son voile si elle voulait être au bord du terrain le 6 mai prochain, jour de la finale de la Coupe Rhône-Alpes.
« On veut m’exclure de l’équipe en raison d’un simple bout de tissu »
« Pourquoi si tard ? », se demande la jeune femme. « Depuis le début de la saison, alors que nous jouons en compétition tous les samedis, ni les clubs adverses ni les arbitres n’ont jamais fait de commentaires sur ma tenue. » Dans tous les cas, cette dernière n’entend pas retirer son voile. « Pas pour un match de football. Le bureau du club et les enfants me soutiennent dans ma décision », explique la jeune femme. Malgré ce soutien, cette dernière déplore cette situation car, pour elle, le football doit « rassembler tout le monde : Noirs, Blancs, Asiatiques, chrétiens, juifs, musulmans. Et là, on veut m’exclure de l’équipe que j’entraîne en raison d’un simple bout de tissu qui est sur ma tête. C’est vraiment dommage. » Amar Benguedouar, président de l’AS Surieux, a fait part de son incompréhension : « Nous ne voulons pas aller à l’encontre des règles ni réécrire la loi. Mais elle n’est pas appliquée à des joueurs professionnels qui se signent ou se prosternent sur les terrains. Et puis on ne peut pas nous faire ça au moment où nous atteignons la finale d’une compétition », confie-t-il. « On n’ira pas jouer cette finale sans elle », conclut le président.
L’Observatoire de la laïcité saisi
Le Président de la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes de football, Bernard Barbet se défend de cette mesure prise tardivement et explique qu’il vient de prendre connaissance du port du voile d’Essia. Selon lui, il n’est pas question que la jeune femme vienne voilée à la finale au nom de la « neutralité du sport » car, pour ce dernier, le règlement de la Ligue, qui s’inspire de celui de la Fédération Française de Football (FFF), interdit « tout port de signes ou tenues religieux, tout affichage ou comportement à caractère idéologique ou religieux, tout acte de prosélytisme. » Pour Nicolas Cadène, rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité saisi par le club, l’article évoqué par la Ligue s’applique « avant tout aux joueurs. » Pour lui, il faut dans ce dossier « savoir si la mission de service public déléguée à la FFF est ensuite déléguée à la Ligue, puis aux clubs amateurs »