En janvier 2010, le Danemark avait limité l’autorisation du port du voile intégral dans l’espace public. Sans toutefois l’interdire, les autorités danoises avaient laissé aux écoles, à l’administration mais aussi aux entreprises le soin de fixer leurs propres règles. Cette mesure devrait prendre fin très prochainement puisque, après la France, la Belgique, les Pays-Bas, la Bulgarie ou encore la Bavière en Allemagne, le Danemark devrait interdire dans les semaines qui viennent le voile intégral. C’est le porte-parole du Parti libéral, l’un des premiers partis du pays — qui fait partie de la coalition au pouvoir — qui l’a annoncé en fin de semaine dernière. Mais pour lui, cette mesure n’a pas pour objectif de viser spécifiquement la communauté musulmane : « Il ne s’agit pas de l’interdiction d’un vêtement à caractère religieux, il s’agit d’interdire le port d’un masque », a affirmé Jacob Ellemann-Jensen. L’autre parti de la coalition, le Parti populaire danois, va suivre l’avis du Parti libéral, tandis que l’opposition semble également prête à voter la loi. Tout comme l’a fait Nicolas Sarkozy en France, les considérations de libertés fondamentales sont contournées avec l’argument sécuritaire. Pour ne pas se heurter à un blocage pour des raisons de conformité avec la constitution, le gouvernement français avait alors argué que le port d’un voile intégral posait des problèmes de « sécurité » ou « d’identification dans l’espace public. » Cette loi avait été adoptée alors que le renseignement intérieur estimait de le nombre de femmes le portant à 364. Au Danemark, elles seraient 200.
« La burqa est une expression de l’oppression extrême des femmes »
Si le parlement danois semble donc unanime — ou presque — pour interdire le voile intégral, le gouvernement, lui, était réfractaire à l’idée. Mais il devra pourtant se plier à la décision des parlementaires. « Il y aura une interdiction du port de masques au Danemark, c’est comme ça », a indiqué, non sans une pointe de désespoir, le ministre des Affaires étrangères Anders Samuelsen, cité par le Huffington Post Maghreb. Lui n’hésite pas à s’en prendre directement à la burqa : « Tout le monde est d’accord pour dire que la burqa est une expression de l’oppression extrême des femmes », a-t-il écrit sur Facebook. Mais en attendant que la loi passe, certaines questions se posent. « Il y a des dilemmes, notamment en ce qui concerne la façon dont une telle interdiction serait appliquée », indiquent les sociaux-démocrates de Mette Fredriksen. Un peu plus tôt dans le mois, c’est l’Autriche qui avait décidé de mettre en application sa loi d’interdiction du voile intégral.